La quatrième édition de l’African Digital Week (22-24 avril 2024) a permis au ministère ivoirien du Commerce et de l’Industrie de mettre le projecteur sur l’ambitieux Projet Industrie 4.0 visant à favoriser l’emploi des jeunes en Côte d’Ivoire et en Tunisie.
Alimentée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, le concept de l’industrie 4.0 correspond à une nouvelle génération d’usines connectées, robotisées et intelligentes. Une industrie dans laquelle les collaborateurs, les machines et les produits interagissent. Autant l’industrie 4.0 est un défi pour les Etats africains, autant elle recèle de nombreuses opportunités pour développer une économie numérique compétitive.
Actuellement, les industries africaines restent les moins compétitives et les moins productives au monde. « Selon le rapport “Industrialiser l’Afrique” de la Banque africaine de développement, l’Afrique se trouve à l’extrémité inférieure de la chaîne de valeur mondiale avec une part dans la manufacture mondiale de seulement 1,9 % environ », a fait observer le directeur général de l’Industrie de Côte d’Ivoire, Emmanuel Tra Bi. Il a aussi souligné que la part de l’Afrique dans l’activité manufacturière globale est passée de 3 % en 1970 à moins de 2 % en 2018.
A cet égard, dira-t-il, l’industrie 4.0, de par sa capacité à accroître plus efficacement la productivité et la rentabilité des entreprises, « peut répondre aux spécificités des écosystèmes économiques d’Afrique et nous permettre de rattraper notre retard en matière d’industrialisation ».
Selon Emmanuel Tra Bi, c’est au regard de ces enjeux que le gouvernement ivoirien avec les ministères en charge de l’Industrie et de l’Economie numérique sont engagés dans la mise en œuvre d’un ambitieux projet dénommé “Projet Industrie 4.0” pour favoriser l’emploi des jeunes en Tunisie et en Côte d’Ivoire. Ce projet bénéficie d’un financement de la coopération allemande. Il vise à consolider l’écosystème de l’économie numérique dans ces deux pays par l’adoption et la mise en œuvre des technologies et des compétences pour développer la productivité industrielle, notamment dans les secteurs des TIC et de l’agro-industrie. Il vise également à développer les capacités de formation liées aux connaissances de l’industrie 4.0 dans les centres professionnels, les universités et les écoles de commerce, et anticiper sur les défis de compétences nécessaires dans cette nouvelle révolution industrielle. Enfin, ce projet permettra de doter la Côte d’Ivoire d’une stratégie nationale de l’Industrie 4.0 qui intégrera le développement des infrastructures, la formation des ressources, le renforcement de capacités des institutions d’innovation et le financement.
Smart factory
Animé par l’ONUDI, ce projet a permis d’établir une cartographie des acteurs de l’écosystème de l’industrie 4.0 avec l’identification de secteurs prioritaires. Il a aussi permis d’engager des actions avec des partenaires techniques et financiers pour la création au sein de l’Institut national polytechnique Félix Houphouët Boigny (INPHB), de la première smart factory qui contribuera à la formation des techniciens et ingénieurs sur l’industrie 4.0, la conception et le développement des outils de l’industrie 4.0 à l’attention des entreprises et PME ivoiriennes.
« Le gouvernement, à travers ces deux ministères, est engagé sur le renforcement de l’économie numérique dans notre pays », a déclaré le directeur général de l’Industrie, avant de remercier le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et de Développement, et l’ONUDI « pour le financement et la mise en œuvre réussie de cet important projet qui contribuera sans nul doute à renforcer le développement de l’industrie 4.0 dans notre pays ».
Bien avant de mettre le focus sur le Projet Industrie 4.0, Emmanuel Tra Bi a soutenu que la thématique de l’Africa Digital Week 2024 (ADW4), à savoir “Industrie 4.0, promesses pour l’Afrique“, est une invitation à la réflexion sur les stratégies et mécanismes que le continent africain pourrait mettre en place pour tirer pleinement profit des nombreuses opportunités liées à cette quatrième révolution industrielle.
« Il conviendrait pour nos Etats africains d’anticiper l’évolution des compétences et des métiers en tenant notamment compte de la vitesse de diffusion des technologies, de l’évolution des modes de production et de la démographie. Il s’agira en outre de renforcer l’investissement dans l’infrastructure et les équipements, et de prendre en compte bien évidemment les questions liées à la sécurité des données », a indiqué le cadre de la fonction publique. Il a également mis l’accent sur la promotion de la collaboration entre les acteurs de l’écosystème du numérique, notamment l’Etat, les industriels et les partenaires sociaux. « Enfin, nous pensons que le chantier de l’industrie 4.0 devra prendre en compte la définition d’une gouvernance efficace, la prise de mesures incitatives pour les entreprises qui s’y engagent et la définition d’un cadre législatif et réglementaire adéquat », a souligné M. Tra Bi.
En donnant la parole aux différents acteurs de l’industrie 4.0, African Digital Week vient ainsi amplifier et consolider les actions engagées par le gouvernement ivoirien, les entreprises privées et les partenaires au développement pour promouvoir une économie numérique compétitive en Côte d’Ivoire.
Rendez-vous africain du numérique en Côte d’Ivoire, African Digital Week (ADW) est organisé par quatre acteurs majeurs du secteur privé : la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), l’Union nationale des entreprises de télécommunications (UNETEL), le Club des directeurs de systèmes d’information (Club DSI Côte d’Ivoire) et le Groupement des opérateurs du secteur des TIC (GOTIC).
Anselme Akéko
(Source : CIO Mag, 24 avril 2024)