Le gouvernement sénégalais avait déjà procédé à des suspensions de l’Internet en juin et en juillet 2023 suite à la condamnation et à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko. Le pays compte 18,59 millions d’internautes mobiles selon les dernières statistiques officielles.

Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a demandé, le dimanche 4 février, aux opérateurs télécoms de suspendre «  provisoirement  » l’accès à l’Internet mobile au Sénégal à partir de 22 heures. La mesure vise à limiter «  la diffusion de plusieurs messages haineux et subversifs relayés sur les réseaux sociaux  ».

Selon des personnes sur place contactées par notre rédaction, l’accès aux données mobiles depuis les téléphones portables est coupé ce lundi 5 février à Dakar. Cette perturbation impacte les 18,59 millions d’internautes mobiles que comptait le pays au troisième trimestre 2023, selon l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP).

Cette initiative du gouvernement sénégalais intervient «  dans un contexte de menaces de troubles à l’ordre public  » qui fait suite à l’annonce, le samedi 3 février, du report sine die de l’élection présidentielle prévue le 25 février par le président du Sénégal, Macky Sall. Ce lundi, des gendarmes sont intervenus pour disperser, avec du gaz lacrymogène, un rassemblement devant l’Assemblée nationale alors que les députés doivent commencer à débattre d’une proposition de loi constitutionnelle pour reporter la présidentielle de six mois.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement sénégalais opte pour la suspension de l’accès à Internet dans un contexte de crise politique. Le 4 juin 2023, l’exécutif avait coupé «  temporairement  » l’accès à Internet suite aux manifestations de la population contre la condamnation à deux ans de prison ferme de l’opposant Ousmane Sonko. L’Internet a encore été coupé une nouvelle fois le 31 juillet après l’arrestation de M. Sonko pour «  vol avec violence  ».

Outre le Sénégal, plusieurs pays d’Afrique subsaharienne font régulièrement recours à la restriction de l’accès à Internet en cas de crises sociopolitiques. La connectivité Internet a été restreinte aux Comores à la mi-janvier par le président Azali Assoumani suite aux violentes manifestations qui ont éclaté sur l’archipel après sa réélection pour un troisième mandat de cinq ans.

Par ailleurs, l’organisation britannique Top10VPN estime que les coupures de réseau ont affecté 84,8 millions d’internautes en Afrique subsaharienne en 2023. Ces perturbations, dont la durée s’élève à 30 785 heures, ont entraîné des pertes économiques estimées à 1,74 milliard de dollars.

Isaac K. Kassouwi

(Source : Agence Ecofin, 5 février 2024))

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