Depuis sept mois, l’université Cheikh Anta Diop est fermée, après des troubles consécutifs à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko.
Au marché de Colobane à Dakar, la capitale du Sénégal, Serigne Fallou Gueye est à la recherche de clients qui pourraient lui acheter quelques-uns de ses joggings.
L’étudiant de 23 ans, en deuxième année de droit à l’université Cheikh Anta Diop, ne se serait pas lancé dans la vente à la sauvette si l’université n’avait pas été fermée depuis huit mois.
Serigne Fallou Gueye a préféré faire le vendeur ambulant plutôt que de rester oisif et de demander de l’argent à ses parents.
“On n’a même pas terminé le premier semestre de l’année 2022-2023. Huit mois sans cours ! L’Etat du Sénégal veut sacrifier, pour des raisons politiques, l’avenir de 80.000 étudiants. C’est quand même scandaleux !”, dénonce Serigne Fallou Gueye.
La fermeture de l’université fait suite à des troubles consécutifs à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, populaire parmi les étudiants et les jeunes.
Manque d’outils numériques, mauvaise connexion internet
Depuis juin dernier, les cours sont dispensés en ligne, comme pendant la pandémie de Covid-19.
Mais pour de nombreux étudiants, le télé-enseignement reste un véritable casse-tête, faute d’outils numériques et d’une bonne connexion internet.
Les étudiants ont régulièrement demandé la reprise des cours en présentiel.
On assiste souvent à des mobilisations d’enseignants en faveur d’une reprise des cours. Fatou Seck Youm est la coordinatrice du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur. Elle explique que “les étudiants sont un peu dispersés, un peu démobilisés. Et puis il y en a certains qui ont pris le bateau pour sortir du Sénégal parce qu’ils pensent effectivement que leur avenir est plus ou moins hypothéqué, voire irrémédiablement compromis”.
Risques de violences
L’université a annoncé une reprise partielle des cours en présentiel à partir du 3 janvier dans des sites hors du campus.
Une reprise des cours à l’Ucad, l’université Cheikh Anta Diop, “dans les mêmes conditions” pourrait provoquer des émeutes, indiquait en novembre dernier le ministre de l’Enseignement supérieur, lui-même enseignant à l’Ucad.
(Source : Deutsche Welle, 25 janvier 2024)