Il s’est tenu du 05 au 09 décembre dernier à Cotonou, la 9è édition du programme Bénin DNS Forum dont le séminaire multi-acteurs a porté sur le thème de « la souveraineté numérique : enjeux pour le développement du Bénin. »
Institué depuis 2015, le Bénin DNS Forum est devenu dès lors un rendez-vous annuel réunissant les différentes parties prenantes de l’écosystème d’Internet au Bénin sur les questions sensibles liées au secteur. En cette occasion, les acteurs partagent leurs expériences relatives à l’implémentation, l’exploitation et au développement des infrastructures IP et DNS pouvant répondre aux besoins des clients et des utilisateurs finaux d’Internet. Cette année, le programme s’est déroulé du 05 au 09 décembre.
La Woman DNS Academy, activité phare du programme, s’est déroulée sur quatre jours. Elle a permis à des dizaines de jeunes femmes béninoises de recevoir une formation intensive sur l’administration du DNS, l’économie des noms de domaine et ses avantages. La formation est essentiellement pratique et vise à offrir non seulement une connaissance approfondie des technologies du DNS, des protocoles autour du DNS et d’Internet, mais aussi à créer un véritable engouement au sein du genre féminin à s’intéresser aux questions liées aux DNS et à son infrastructure. Ce pan du programme vient, en plus de donner la voix aux femmes, leur à la gent féminine de participer à l’inclusion numérique tant prônée par les acteurs du secteur numérique.
A cela s’ajoute le DNSAthon, un hackathon collaboratif sur le DNS qui a réuni une cinquantaine de personnes pour réaliser un prototype résilient sur le DNS. Cette année, la compétition a porté sur le prototype autour d’une infrastructure avec le modèle KINDNS. Le 08 décembre, le séminaire multi-acteurs a rassemblé différentes parties prenantes (acteurs privés, publics, FAI, société civile) de l’écosystème d’Internet au Bénin pour discuter de la « souveraineté numérique : enjeux pour le développement du Bénin. » En marge de ce séminaire, les acteurs ont interagi autour de la redynamisation du point d’échange.
« Nous risquons d’aller vers le protectionnisme »
« Nous avons essayé de pointer du doigt l’importance d’un point d’échange Internet dans cette quête de souveraineté numérique. Car, un point d’échange est un carrefour agrégateur des opérateurs Internet dans le pays qui permet de servir localement le contenu. En effet, il contribue à faciliter le stockage des données en local et à accéder d’une manière ou d’une autre à cette souveraineté numérique. Notre propos a porté sur ça pour permettre aux acteurs de voir quels ont été les initiatives à succès ailleurs afin d’avoir une structure de gouvernance pour le Bénin », a résumé Jean-Baptiste Millogo, Directeur du développement d’Internet et des technologies associées d’Internet Society en Afrique, au sujet de sa communication.
Pour lui, au-delà de ces points d’échange, la souveraineté numérique nécessite un regard sur la chaîne de production et de distribution du contenu dans le pays. Il s’agit de pouvoir produire du contenu qui contient des données spécifiques pour les acteurs et de les stocker localement. De même, il faudra avoir la capacité de pousser tous les projets qui permettent de densifier les réseaux de transport dans la fibre et penser à mettre en place un data center.
Non seulement l’événement mais le thème de cette édition a retenu l’attention de Pierre Dandjinou, vice-président de l’ICANN pour l’Afrique. « Le thème choisi est d’autant plus important qu’il nous ramène à la géopolitique. Il s’agit de voir les enjeux de la souveraineté numérique. Est-ce que nous gérons très bien les ressources critiques de l’Internet, les noms de domaine, les adresses IP et les serveurs racine ? Parce que si vous voulez être souverain dans ce domaine, il faut ces choses. Autre enjeu, il ne faut pas aussi trop forcer sur la souveraineté numérique, sinon, nous risquons d’aller vers le protectionnisme. Qui dit protectionnisme parle de fermeture. Nous irons vers un enjeu capital qui est de savoir si nous voulons aller vers ce protectionnisme », a-t-il opiné sur le thème.
Les échanges ont permis aux différents acteurs de reconnaître que la souveraineté numérique est un enjeu très important. Il en est de même pour un Internet ouvert. Au cours de la dernière journée des travaux s’est tenu le forum public. Cette dernière activité du Bénin DNS Forum a rassemblé plus de 300 personnes pour faire le bilan et envisager les perspectives de l’édition 2024 qui permettra de boucler une décennie d’activités du Bénin DSN Forum.
Michaël Tchokpodo
(Source : CIO Mag, 16 décembre 2023)