Ce que les promoteurs du boycott ne remarquent pas c’est qu’Il y’a un lien entre le monopole de l’opérateur public sur la fibre optique et les problèmes de qualité de service chez tous les opérateurs privés qui en dépendent.
Au Cameroun, CAMTEL détient le monopole de l’installation, de la distribution et de l’exploitation de la fibre optique qui est l’une des technologies les plus fiables et les plus stables pour le transport des données dans le secteur des télécommunications. Pour faire simple, la fibre optique peut être définie comme un câble qui relie le Cameroun a un réseau de câbles sous-marins internationaux et qui transportes les données à la vitesse de la lumière. C’est donc une technologie de télécommunication bien plus rapide et plus économe en énergie que les réseaux sans fils auxquels sont limités les opérateurs privés. Ces opérateurs privés sont donc contraints au Cameroun à souscrire aux offres CAMTEL et à payer cette dernière afin d’accéder à cette technologie avancée qui leu est nécessaire pour fournir à leurs consommateurs les connections haut débit. Contrairement aux pays de l’Afrique de l’Ouest cités par les promoteurs du boycott ou les opérateurs privés peuvent installer et distribuer leurs fibres optiques jusque dans les domiciles des consommateurs (pour renforcer leurs réseaux sans fils), au Cameroun, ils sont obligés de louer celle-ci auprès de CAMTEL.
Du coup, le renforcement, l’expansion et la réparation du réseau haut débit lié à la fibre dépend donc de la capacité opérationnelle de CAMTEL. Les experts de la télécom s’accordent unanimement sur le fait que beaucoup de pannes de dégradation et d’interruptions dans le secteur de la téléphonie mobile au Cameroun (lorsqu’ils ne proviennent pas des problèmes internes des opérateurs qui ne sauraient être dédouanés entièrement) proviennent essentiellement soit de l’instabilité et des délestages de la fourniture énergétique qui est bien connu de toutes les populations, soit des incidents ou des accidents survenus sur le réseau de fibre optique de Camtel.
L’observation critique de ce réseau de fibre optique géré exclusivement par l’opérateur national dévoile facilement plusieurs lacunes. On se souvient encore de la diatribe de l’honorable Cabral Libi’i qui révélait lors d’une session ouverte du parlement qu’il ne saurait indexer principalement les opérateurs privés qui sont eux même parfois des victimes car en une année, il y’a eu plus de 100 coupures de la fibre optique (ce qui représente environs une panne tous les 3 à 4 jours dans une année de 365 jours). Le député indiquait alors avec beaucoup d’ironie que celle-ci est tellement mal installée que « une chèvre peut facilement la déterrer le brouter dans les champs ». Car en effet la qualité de l’installation, de la protection et de la sécurisation de la fibre optique par CAMTEL qui en est la seule maitresse a été plusieurs fois critiquée. La presse ayant révélée à l’opinion des coupures accidentelles de fibre optique par des agriculteurs, par des travaux de BTP ou simplement par des vandales.
Les manifestant virtuels qui appellent donc au boycott des opérateurs privés au profit de CAMTEL, sur certains aspects invitent donc les populations à délaisser les opérateurs dépendants et parfois même victimes de Camtel pour aller chez l’opérateur public qui est en grande partie coupable des difficultés que les populations décrient.
Pierre Tchoutouo, expert en intelligence économique
(Source : Digital Business Africa, 28 avril 2023)