Des Etats africains ont compris la nécessité de la transformation numérique. Raison pour laquelle ils s’attellent à l’implémenter dans tous les services publics en vue de les moderniser. L’on ne peut donc pas parler de transformation numérique du moment où on fait fi des technologies numériques, des outils et des plateformes numériques. La transformation numérique n’a qu’un but : faciliter l’interaction entre les citoyens et l’administration. Et si l’ Etat du Cameroun souhaite véritablement essorer les larmes de ses populations, apaiser leurs peines, il a le devoir de prendre des mesures fortes à la hauteur de sa grandeur. Cela passe par l’identification des citoyens. Car c’est elle qui lie les populations à l’Administration.
Cette interaction ne peut être au beau fixe que lorsque la fraude (double identification) n’ a pas droit de cité. Quel agent voudrait avoir devant lui un visage qui ne reflète pas l’ âge de l’usager qui lui tend sa pièce d’identité ? Certains pays ont trouvé l’antidote contre la fraude : la biométrie. De mainière simple c’est l’ensemble des techniques informatiques permettant de reconnaître automatiquement un individu à partir de ses caractéristiques physiques, biologiques, voire comportementales. Ce n’est donc pas une hérésie que d’interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de produire aux Camerounais des CNI biométriques. Puisqu’à côté, on sait ce que c’est.
Le gouvernement malien, a par exemple, décidé de la mise en circulation de la carte d’identité biométrique conformément aux normes de la CEDEAO à travers le décret N°2022 0639/PT-RM du 3 novembre 2022. La carte nationale d’identité biométrique sécurisée est obligatoire à partir de 15 ans avec une durée de validité de 5 ans. Elle coûte 6000 FCFA comme au Benin. C’est un document officiel certifiant l’identité de son titulaire, sur la base de son numéro personnel. Elle peut assurer d’autres fonctions en dehors de l’identification nationale. La première dotation est gratuite, mais le renouvellement est payant.
La carte biométrique sécurisée remplace de plein droit la carte NINA( numéro d’identification nationale ). NINA comporte le numéro d’identification nationale ( quelque 11 chiffres). Le numéro tient lieu de carte d’électeur, mais aussi de carte d’identité. Le NINA est également utilisé au Nigeria en attendant la délivrance des National Identity Smart Cards. La Commission nigériane nationale de Gestion de l’Identité en anglais national Identity Management Commission (NIMC) a annoncé le 05 avril 2024 que cette carte permettra aux détenteurs de prouver facilement leur identité, tant pour accéder aux services sociaux gouvernementaux que pour effectuer des transactions financières.
« Cette carte répondra à la demande d’identification physique permettant aux détenteurs de prouver leur identité, d’accéder aux services sociaux gouvernementaux et privés, de faciliter l’inclusion financière des Nigérians privés de leurs droits, de responsabiliser les citoyens et d’encourager une participation accrue à la construction de la nation », a expliqué un communiqué signé par Kayode Adegoke, responsable des communications de la NIMC. Elle intègre des fonctionnalités biométriques avancées, notamment, les empreintes digitales et les photos, ce qui en fait un outil de vérification d’identité fiable et sécurisé.
A côté du NINA, il y a d’une part, le Numéro unique d’Identification Nationale (NNIC), qui est une carte multifonctions « conçue de façon à permettre aux citoyens et aux résidents autorisés de prouver leur identité au Nigéria ». La NNIC peut également servir à effectuer des paiements et des activités par voie électronique et à « lutter contre le piratage et la contrefaçon ».
La NNIC compte 13 « applets » (petites applications), dont la technologie de comparaison (Match-on-Card), l’identité électronique, l’infrastructure à clés publiques électroniques, un applet de l’Organisation de l’aviation civile internationale, l’inscription des électeurs, l’assurance maladie, les impôts, la pension, le permis de conduire, l’inscription SIM et le transport, et un autre encore pouvant être mis en service immédiatement, au besoin, et un applet de paiement. Lorsque les demandeurs obtiennent leur NNIC, ils doivent activer leur « pièce d’identité électronique » à l’aide de la biométrie et, s’ils veulent se servir du volet du guichet bancaire, ils doivent utiliser leur numéro d’identification personnel.
Et d’autre part, les cartes ATM, qui sont émises par des Banques et permettent aux clients d’accéder à leurs comptes à tout moment et de n’importe où, rendant les transactions bancaires plus faciles et plus rapides. Depuis, 2023, elles peuvent être utilisées au Nigeria comme pièce d’iidentification.
Au demeurant, le National Identity Smart Cards sera une sorte de pièce « tout-en-un ». Avec ses fonctions, elle permettra au détecteur de s’identifier, d’effectuer des transactions bancaires et de pouvoir voter.
Jean Materne Zambo
(Source : Digital Business Africa, 24 juin 2024)