C’était une réponse prévisible. Alphonse Charles Wright n’étant pas homme à faire amende honorable. Placé dos au mur par l’interpellation du bâtonnier au sujet de l’atteindre au droit à l’information, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme a donné une réponse empreinte d’un agacement évident. Au point qu’il affirme haut et forme que l’Etat est bel et bien dans son droit de restreindre les réseaux sociaux. Pour les justifications, c’est à croire qu’il a consulté le Alpha Condé d’avant le 5 septembre 2021.

Manifestement très affecté par l’interpellation de Me Mamadou Diop Souaré, Alphonse Charles Wright l’en a voulu de toute évidence. « Monsieur le bâtonnier, le droit à l’information, c’est la possibilité de donner l’information à tous les citoyens. Ce n’est même pas pour les journalistes seulement d’accéder à l’information publique auprès de tous les services ; ce n’est pas un droit ou un monopole appartenant qu’aux journalistes, que ça soit clair pour tout le monde ! Tout citoyen ayant besoin de l’information concernant le service public a droit à accéder à cela, à la limite près des exceptions du secret d’Etat. Les gens pensent que les droits de l’homme, c’est seulement l’Etat. Pourtant, les droits de l’homme signifient aussi de respecter la loi (…) Au-delà de ça, le principe est très clair : nul ne peut restreindre cette liberté de la presse sauf pour deux raisons majeures. Donc, quand nous parlons des principes, qu’on essaie de ne pas occulter les exceptions, sinon vous prendrez les principes pour les règles. Alors que c’est l’exception qui confirme les règles », lui répond-il.

Pour ce qui est de la censure imposée aux principaux médias depuis plus d’un mois, Charles Wright flétrit le manque de professionnalisme de la part des journalistes. Et il invite le bâtonnier à prendre en compte cette autre donne. « Beaucoup prennent aujourd’hui le micro, ils ne sont pas journalistes, ils n’ont pas appris l’éthique et la déontologie. Cependant, on leur laisse les micro (…) Cela n’est pas la liberté d’expression, c’est l’abus de l’exercice. Monsieur le bâtonnier, j’aurais souhaité que vous rappeliez aux hommes de médias également leurs responsabilités sociétales. Mais ça a été quand même une communication unilatérale à laquelle je vous demanderai de remédier. Parce qu’il faut que chacun puisse être situé devant sa responsabilité », assène-t-il.

En ce concerne, la restriction de l’accès aux réseaux sociaux, après « l’internet n’est pas un droit » de Ousmane Gaoual Diallo, c’est Alphonse Charles Wright qui nous sert : « L’Etat a bel et bien le droit de restreindre les réseaux sociaux ». Ainsi, s’exprime-t-il : « Lorsque vous regardez sur Facebook aujourd’hui, la Guinée est le seul pays où l’espace cyber criminel, la répression est très compliquée. Les gens sont à l’étranger, ils utilisent des slogans. Cependant, le public cible qui reçoit tout ça est le peuple de Guinée. L’Etat est en plein droit de restreindre les réseaux sociaux, lorsque l’exercice des libertés porte une atteinte grave à la paix et à la quiétude. Or, à la proportion à laquelle les choses allaient, il fallait quand même limiter, mettre un point sur les i. Mais il faut que l’Etat et ces médias, que nous nous retrouvions pour parler pour que chacun puisse connaître sa limite », justifie le ministre.

Aminata Camara

(Source : Le Djely, 5 janvier 2023)

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