Dans un monde de plus en plus connecté, l’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) est devenu un enjeu crucial pour le développement socio-économique. Les pouvoir publics du pays, conscients de ce défi, ont décidé de la mise en place d’une initiative ambitieuse visant à réduire la fracture numérique et à promouvoir l’inclusion sociale à travers le Service Universel des Communications Electroniques.

Au cœur de cette initiative se trouve le Fonds pour l’Accès et le Service Universels des Communications Électroniques (FASUCE), un outil puissant qui transforme l’environnement numérique du pays et les vies des bénéficiaires.

En effet, instauré par la Loi n°9 du 25 novembre 2009 et renforcé par les décrets d’application de 2019, le Service Universel au Congo incarne l’ambition nationale de garantir à l’ensemble de la population un accès équitable, sans discrimination aucune, aux services de communication électronique de qualité. Le FASUCE, opérationnel depuis avril 2020, joue un rôle central dans la réalisation de cet objectif.

La stratégie du Service Universel, à travers le FASUCE, s’articule autour de trois axes principaux à savoir : (i) Promouvoir l’accès des communautés rurales et démunies aux services de communications électroniques de base, (ii) Encourager le développement de nouveaux services, de contenus locaux et d’applications favorisant l’inclusion numérique ; (iii) Renforcer les capacités en matière de TIC.

Avec un budget annuel moyen d’environ 2 milliards de francs CFA, principalement financé par un pourcentage de 1% du chiffre d’affaires des opérateurs de télécommunications, le FASUCE dispose des ressources nécessaires pour mener à bien ses missions.

Réalisations et Impact

Des avancées significatives ont été réalisées par le FASUCE, depuis sa création. Ainsi à ce jour, plus de 182 localités ont bénéficié de l’installation des équipements de couverture réseau, permettant directement à plus de 300 000 citoyens qui vivaient auparavant dans des zones blanches, d’accéder aux services de communications électroniques. Ces centaines des communautés reparties sur l’ensemble du territoire ont désormais accès aux services de voix, de données, de mobile money, et aux services USSD et SMS.

En parallèle, le FASUCE a équipé 23 établissements scolaires et universitaires de salles multimédias, dotées d’ordinateurs, d’imprimantes, de connexions Internet haut débit et même de panneaux solaires pour les zones rurales énergétiquement enclavées. Chacune de ces salles multimédias offre également une plateforme bibliothécaire numérique avec plus de 50 000 livres, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives éducatives pour les élèves et étudiants. La monnaie électronique, induite par la téléphonie mobile, a changé le quotidien des populations à travers la vitalisation des économies locales, basée sur la multiplication des activités génératrices de revenus.

La santé et la sécurité comme autres corollaires

En effet, l’accès aux services de communication en milieu rural a donné la voie à une approche nouvelle de l’information des populations sur ce qui concerne les questions de santé. Les communautés rurales sont désormais mieux sensibilisées car elles reçoivent, comme celles des grandes agglomérations, des informations liées aux campagnes de vaccination et autres. A cela s’ajoute, grâce aux appels téléphoniques, la réduction des délais d’intervention en cas d’urgence médicale. Durant les périodes d’inondation dans la partie nord du pays, les équipements du FASUCE ont contribué à une meilleure coordination des actions humanitaires grâce aux communications. Et pour ce qui est de la sécurité, les populations peuvent désormais contacter en tout lieu et en tout temps les services urgences, sans être obligés de parcourir des kilomètres. Ce qui a conduit a une certaine amélioration de la quantité et de la qualité des interventions des services de sécurités dans les zones enclavées.

Défis et stratégies d’adaptation

Malgré ces succès, la mise en œuvre du Service Universel au Congo fait face à plusieurs défis, parmi lesquels les difficultés d’accès routier et énergétique dans certaines régions compliquant pour le coup le déploiement et la maintenance des infrastructures ; la dépendance aux contributions des opérateurs qui limite parfois l’étendue des services pouvant être mis en œuvre ; certaines populations rurales qui font preuve de réticence initiale à l’adoption des nouvelles technologies ; l’utilisation de technologies comme le backhaul par VSAT qui s’avère coûteuse, tandis que la 2G/EDGE limite la capacité des services offerts.

Toutefois, pour arriver à surmonter ces défis, le FASUCE a mis en place un certain nombre de stratégies, à l’instar du système de maintenance à trois niveaux (préventive, prédictive, corrective) mis en place avec des techniciens locaux, formés à cet effet par le FASUCE, pour assurer une réponse rapide aux problèmes mineurs. A cela il faut ajouter un cadre de travail collaboratif, incluant le partage des coûts, les subventions de contrepartie et des mesures incitatives pour encourager le déploiement dans les zones rurales. De même, des programmes de formation variés ont été développés, couvrant aussi bien les aspects techniques que les compétences de gestion et de leadership. Il faut aussi noter que le FASUCE s’efforce d’utiliser des solutions innovantes, flexibles et modulaires pour s’adapter rapidement aux évolutions technologiques.

Reconnaissance internationale, partage d’expérience et perspectives

Le succès du modèle congolais de service universel a attiré l’attention de nombreuses institutions et organismes internationaux. En effet, le FASUCE a établi des échanges d’expériences avec plusieurs pays du continent, notamment la Guinée, le Sénégal, le Cameroun, le Rwanda et le Maroc. Cette expertise a attiré l’attention de la Banque Mondiale qui a proposé au FASUCE un cadre de collaboration à travers le Projet d’Accélération de la Transformation Numérique (PATN). L’institution de Breton Wood a marqué son engagement à favoriser la couverture de 185 localités supplémentaires en réseau mobile, la construction de 41 nouvelles salles multimédia et l’évolution de 76 sites 2G/EDGE en 3G. Une collaboration avec la Banque Mondiale qui tombe à pic, étant donné que le Fonds ambitionne de positionner le Congo dans le top 5 des pays leaders en matière de mise en œuvre du service universel.

A moyen terme, le Fonds vise, hors financement PATN, à migrer une grande partie des sites 2G vers la 3G, voire la 4G, afin d’améliorer de manière significative la qualité et la vitesse des services Internet dans les zones rurales, de plus en plus demanderesses. Mais à long terme, l’objectif du fonds est clair, élargir le panier des services universels, en s’adaptant aux orientations du Gouvernement et aux mutations technologiques.

En définitif, le service universel des communications électroniques au Congo, porté par le FASUCE, initiative personnelle du Président de la République, Denis SASSOU NGUESSO, représente une approche transformatrice qui va bien au-delà de la simple fourniture d’accès aux technologies de communication. Il s’agit d’un véritable levier de développement socio-économique, réduisant les inégalités entre zones rurales et urbaines, stimulant l’économie locale, améliorant l’accès à l’éducation et aux soins de santé, et renforçant la sécurité des communautés.

Les défis rencontrés, loin d’être des obstacles insurmontables, ont poussé le FASUCE à innover et à adopter des approches flexibles et collaboratives. La stratégie globale, combinant infrastructure, formation, partenariats et adaptabilité technologique, positionne le Congo comme un modèle potentiel pour d’autres pays en développement cherchant à combler leur fracture numérique.

Alors que le monde continue de s’orienter vers une économie de plus en plus numérisée, l’importance du Service Universel ne fera que croître. Le succès continu du FASUCE sera crucial non seulement pour l’avenir numérique du Congo, mais aussi pour son développement global en tant que nation. En connectant ses communautés les plus isolées, le Congo ne se contente pas de réduire la fracture numérique ; il ouvre la voie à une société plus inclusive, plus éduquée et plus prospère.

ARPCE

(Source : Agence Ecofin, 8 juillet 2024)

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