Le Collectif des syndicats des opérateurs de téléphonie mobile (Sonatel, Free et Expresso) et des télécommunications a organisé, hier, une conférence de presse pour fustiger les coupures répétitives de l’Internet au Sénégal. Il déplore une perte de plus de trois milliards de francs CFA. Les syndicalistes estiment que, dans un pays sérieux, Moussa Bocar Thiam ne serait jamais un ministre de ce secteur.

Au Sénégal, depuis juin 2023, pratiquement, à chaque fois qu’il y a une manifestation, on assiste à la restriction, voire à la coupure de l’Internet mobile. Cela impacte beaucoup les opérateurs de téléphonie, la population sénégalaise et l’économie numérique.

Hier, le Collectif des syndicats des opérateurs de téléphonie et des télécommunications a fait face à la presse, pour dire non à la restriction répétitive de l’Internet mobile.

Les syndicalistes renseignent que cela leur a fait perdre plus de trois milliards de francs CFA, sans compter les préjudices socioéconomiques pour des millions de clients.

Ainsi, comme les journalistes, ils réclament la tête du Moussa Bocar Thiam. Ils affirment qu’il n’a pas sa place à la tête du ministère de la Communication. Car, disent-ils, il ne connaît pas les enjeux du numérique.

La secrétaire générale du Syndicat national des travailleurs des postes et des télécommunications (SNTPT), Rose Marie Diouf Baloucoune, souligne, d’ailleurs, “qu’en dépit des crises politiques qui ont fait vaciller tous les régimes qui se sont succédé au Sénégal depuis les indépendances, jamais les Tic n’ont été l’arme de privation de ce qu’elles sont censées faciliter : la liberté d’expression”.

Or, “le fallacieux prétexte de diffusion de messages haineux et subversifs constitue le seul argument d’un régime aux abois, tristement entré dans l’histoire des pourfendeurs jamais égalés des libertés et de la démocratie”.

‘’Mais arrêtons-nous sur les causes de cette haine ou subversion : le 1er juin 2023 et le 31 juillet 2023, l’Internet mobile a été restreint à la suite d’événements politico-judiciaires et le 5 février 2024 encore, il a été coupé à la suite de la décision politique du président de la République de reporter l’élection présidentielle du 25 février 2024. Cette décision, qui a suscité l’émoi des Sénégalais et de la communauté internationale, est aujourd’hui, Monsieur le Ministre, la source des ‘messages haineux et subversifs’ dans un contexte de troubles à l’ordre public. Le seul courage qu’on attend de vous est d’arrêter de laisser apparaître que vous prenez la connexion Internet via les données mobiles comme une console de jeux”, persifle-t-elle.

Du 2 juin 2023 au 13 février 2024, dénoncent les syndicalistes, “le ministre Moussa Bocar Thiam a opéré 13 jours de coupure d’Internet mobile. Soit en moyenne l’équivalent d’une journée et demie de coupure Internet, tous les mois, depuis juin 2023”.

Selon eux, cette coupure de l’Internet mobile a impacté tous les secteurs d’activité confondus”.

“Ce n’est pas l’Internet qu’il faut couper, mais…”

Ainsi, après avoir tiré la sonnette d’alarme depuis longtemps, les syndicalistes décident de passer à la vitesse supérieure. “Nous décidons, à partir d’aujourd’hui, de lancer des actions de protestations pacifiques. On va porter des brassards rouges et organiser des journées de débrayage ou de présence négative. Nous appelons l’État à rétablir la connexion via les données mobiles et à mettre fin aux coupures intempestives de ce service. Nous sommes déterminés à mener ce combat jusqu’au bout”, informent-ils.

Présent à la rencontre, le député Guy Marius Sagna a indiqué qu’il est temps de mettre fin à cette délinquance numérique perpétrée par le président Macky Sall et de son ministre Moussa Bocar Thiam.

En effet, a-t-il déclaré, “les acteurs, les syndicats et le peuple sénégalais ne sont pas des moins que rien et ne vont plus accepter cette délinquance numérique”. Mieux renchérit-il, “ce n’est pas l’Internet qu’il faut couper, mais c’est la délinquance numérique qu’il faut arrêter. Ce n’est pas l’Internet qu’il faut couper, mais c’est la violation des droits des travailleurs du secteur numérique qu’il faut arrêter. Ce n’est pas l’Internet qu’il faut couper, mais c’est la gabegie, les détournements des deniers publics au niveau de La Poste qu’il faut arrêter”.

De même, poursuit-il, “ce n’est pas l’Internet qui a tué Landing Camara et les autres martyrs, mais c’est un scandale. C’est un deuxième assassinat que fait Moussa Bocar Thiam. Il se permet de dire qu’il n’y a pas eu de mort pendant les jours où l’Internet a été coupé. Mais c’est une insulte à la mémoire de ces trois martyrs”.

Le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de Sonatel, Mamadou Lamine Badji, lui, souligne que dans tous les pays sérieux, c’est le ministère de l’Économie qui a la charge du numérique.

Fatima Zahra Diallo

(Source : Enquête, 15 février 2024)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *