Coordonnatrice du projet “Doolel Admin” et responsable de plusieurs programmes et coopérations techniques dans le domaine de la bonne gouvernance à la GIZ, Dr Katharina Noussi s’entretient avec Le Tech Observateur, en marge de l’atelier organisé les 26 et 27 octobre 2023
sur le projet “Govstack” au Radisson Blue de Dakar. Dans ce cadre, il est attendu la dématérialisation de près de 800 procédures administratives au Sénégal. La société Sénégal Numérique S.A fait partie des parties prenantes de premier plan de cette initiative multipartite conduite par le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement,
l’Estonie, l’Union Internationale des Télécommunications, la GIZ et la Digital Impact Alliance.
Le Tech Observateur : Vous venez de consacrer deux jours d’échanges et de partage sur le “Govstack”. De quoi il s’agit ?
Dr Katharina Noussi – Cet atelier entre dans le cadre du projet “Doolel Admin” travaillant pour une administration résolument tournée vers l’avenir pour un développement durable au Sénégal.
La coopération allemande, en effet, met en oeuvre plusieurs autres programmes. Mais tous ont une composante digitale. Ils appuient l’administration publique dans la digitalisation et ce, dans
plusieurs domaines : réforme du travail, réforme de la formation professionnelle, etc. C’est donc un thème transversal. Quant au projet “Doolel Admin” dont je suis la directrice, il appuie la réforme et la modernisation du service public.
Comme vous le savez bien, c’est une réforme phare dans le Plan Sénégal Émergent (PSE), une priorité pour le président de la République Macky Sall. Et dans cette réforme, la transformation du secteur public est une priorité avec l’objectif de rendre accessibles les services de l’État aux
citoyens, aux usagers en général, aux entreprises aussi, de façon rapide et efficace pour tout le monde. Avec le ministère en charge de la transformation du secteur public et le ministère en charge de l’économie numérique, nous avons tenu plusieurs phases de structuration de cette réforme phare du PSE avec l’appui du BOS pour développer, avec l’administration publique mais
aussi avec le secteur privé et la société civile, une charte et un guide pour la simplification et la dématérialisation du service public. Cette charte et ce guide sont disponibles en version ébauche et ont été développés de manière participative avec l’ensemble des acteurs.
Le Tech Observateur : Et ce sont des projets déjà réalisés ?
Dr Katharina Noussi – Il reste maintenant la validation politique par un arrêté ministériel ou autre dans les prochaines semaines. Dans cette charte, le Sénégal adopte l’approche “Govstack”. C’est une approche de qualité qui permet d’accélérer la simplification / dématérialisation des
procédures. Et l’atelier dont nous sortons, c’était pour présenter l’approche en question aux acteurs pour en comprendre les tenants et les aboutissants. C’est cette approche qui sera donc adoptée par le Sénégal : SENUM S.A, le Ministère de la Communication, des télécommunications et de l’économie numérique, le Ministère de la Fonction publique et de la transformation du
secteur public.
Le Tech Observateur : Ailleurs, dans le monde, quels sont les résultats obtenus grâce à l’approche “Govstack” ?
Dr Katharina Noussi – Cette approche a été développée par l’Allemagne, l’Estonie, mais aussi des organisations des Nations-Unies, l’Union Internationale des Télécommunications et d’autres acteurs, pour accélérer et faciliter la digitalisation de l’administration publique centrée sur
l’usager. Vous vous demandez certainement ce qui changerait si le Sénégal adoptait cette approche. D’abord, c’est une approche disponible en ligne. Autrement dit, tout le monde peut l’utiliser. Il n’est pas vraiment besoin d’être membre ou pas. C’est un site web accessible à n’importe qui, partout dans le monde, sans le moindre frais, comme Wikipedia. SENUM, en charge
de la digitalisation de l’administration publique, avec l’appui de la GIZ, pourrait former les cellules informatiques des différents ministères et l’écosystème pour une meilleure compréhension cette boite à outils et mieux l’utiliser comme un standard de qualité. La génération de formulaires
d’enregistrement en ligne. Chaque structure de l’administration publique en développe. Et ce n’est pas forcément efficace. Avec le “Govstack”, il suffira de copier les codes déjà existants, qui ont été développés par une communauté, pour les utiliser ailleurs. Il y a toujours possibilité d’adapter, de contextualiser ces formulaires disponibles en ligne, selon le pays et le secteur d’activité
concernés.
(source : Le Techobservateur, 4 novembre 2023)