Dans une étude pionnière dédiée à l’écosystème EdTech dans l’UEMOA, la startup ivoirienne Etudesk, avec le soutien du Centre pour l’enseignement et l’apprentissage innovants de la Fondation Mastercard, propose des mesures visant à tirer le meilleur des innovations technologiques qui améliorent l’accès à l’éducation, sa qualité et sa pertinence. Découvrons-les.
Etudesk, avec le soutien du Centre pour l’enseignement et l’apprentissage innovants de la Fondation Mastercard, dévoile une étude pionnière dédiée à l’écosystème EdTech dans les huit pays membres de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) et en Guinée-Conakry en raison de la proximité géographique, culturelle et linguistique. Cette étude intitulée “Compréhension de l’écosystème EdTech dans la région de l’UEMOA” a été réalisée sur une période concise de trois mois et vise à déceler et analyser les rouages et dynamiques de ce secteur en plein essor. En six points, elle énonce « quelques recommandations actionnables » qui permettront aux startups EdTech d’avoir un réel impacter sur la manière dont les gens apprennent dans la région. Ainsi, l’étude souligne l’importance de :
Réévaluer et mettre à jour les politiques actuelles, et rédiger de nouvelles politiques EdTech afin de faciliter et encourager l’adoption des technologies éducatives dans la région de l’UEMOA. Soutenir et équiper les incubateurs afin qu’ils puissent fournir une expertise essentielle et des réseaux aux start-ups EdTech dans leur phase initiale. Éduquer les investisseurs (en particulier les locaux) sur le potentiel du marché de l’UEMOA en adoptant des stratégies pour réduire les risques d’investissements. Établir des programmes de formation pour les éducateurs et les apprenants sur les compétences numériques de base, facilitant ainsi l’adoption de solutions EdTech. Mettre en place des partenariats publics-privés pour développer l’infrastructure numérique, assurant une accessibilité plus large des solutions EdTech, y compris en dehors des centres urbains. Créer des plateformes d’échange entre les parties prenantes pour partager les meilleures pratiques et intégrer l’EdTech dans le courant dominant.
Ces recommandations pratiques ont pour but de réévaluer les politiques d’éducation numérique, la formation des acteurs, le développement des compétences numériques, les partenariats public-privé et le soutien aux écosystèmes entrepreneuriaux.
73 startups EdTech et plus de 60 catalyseurs
L’étude met particulièrement le projecteur sur un secteur en expansion rapide. Par définition, « l’industrie de la technologie éducative (EdTech) englobe l’intersection des activités éducatives, de la technologie innovante et des plateformes numériques pour améliorer les expériences d’apprentissage et d’enseignement ».
Au 31 décembre 2023, l’équipe d’Etudesk a identifié plus de 60 catalyseurs sous la forme de hubs et d’initiatives dans les pays de l’UEMOA qui sont cruciaux pour favoriser un écosystème EdTech dynamique et durable. L’équipe a également répertorié 73 startups EdTech dans la région. La Côte d’Ivoire et le Sénégal détiennent à eux seuls environ 80 %. Ces startups sont présentes dans différents segments d’activité (tutorat, système de gestion, contenu, bootcamp, réseau d’écoles et bien d’autres catégories de services) faisant fructifier un marché ouest-africain de l’éducation technologique particulièrement bien positionné sur le marché continental. Lequel marché africain est estimé à 2,9 milliards de dollars en 2022 et à plus de 20 milliards à l’horizon 2032, progressant à un taux de croissance annuel impressionnant de 39,10%.
Selon le rapport, environ 222 emplois ont été créés par les startups EdTech dans la région UEMOA en 2023 (estimations basées sur LinkedIn).
Le secteur EdTech au pied d’une montagne de difficultés
Si le secteur suscite la confiance des investisseurs, attirant 18 millions de dollars dans l’UEMOA en 2022, il fait cependant face à d’importants défis d’ordres financier et réglementaire. En outre, le rapport pointe du doigt un manque de compétences numériques et d’infrastructures. A cela il faut ajouter les difficultés culturelles et linguistiques. En sus, les startups expriment une forte demande d’accès au marché (69%) et de plus larges opportunités commerciales, qui ne sont pas suffisamment prises en compte. Enfin, la collaboration entre ces jeunes entreprises et les gouvernements n’est pas assez dynamique. Pourtant les Etats consacrent une part importante de leurs budgets aux dépenses liées à l’Education (5,6 milliards de dollars comme budget total des ministères de l’Éducation nationale des pays de l’UEMOA en 2022).
Il ne faut pas désespérer pour autant. Le secteur EdTech de la région de l’UEMOA est sur le point de connaître une croissance substantielle. Selon le rapport, on s’attend à ce que l’intelligence artificielle améliore l’inclusivité, personnalisant l’apprentissage et proposant du contenu dans les langues locales. Les plateformes de formation professionnelle devraient se développer. Reste maintenant aux décideurs d’accorder une attention particulière aux besoins des startups EdTech. L’amélioration de leur impact sur l’Education dans l’espace UEMOA en dépend.
Pour rappel, Etudesk est une entreprise ivoirienne de conseil en technologie dédiée à accompagner les entreprises, les universités et les gouvernements dans leurs initiatives sur l’éducation et la formation professionnelle. Elle est dirigée par Lamine Barro, consultant en économie numérique pour le Gouvernement de la République de Côte d’Ivoire.
Anselme Akéko
(Source : CIO Mag, 5 juin 2024)