Depuis la fin de la covid-19, les questions liées aux effets de l’IA prennent de plus en plus de place dans les débats publics en Afrique. La 4e édition du Cyber Africa Forum qui se tiendra à Abidjan, est l’occasion pour les experts d’analyser les impacts de cet outil sur des secteurs économiques vitaux.
L’Intelligence artificielle (IA) devrait permettre de révolutionner les secteurs de l’agriculture, de la santé et de l’éducation en Afrique. C’est ce qu’a indiqué Hervé Bah, senior manager IT et cyber risk advisory chez Deloitte Côte d’Ivoire, lors de la conférence de presse organisée le vendredi 15 mars 2024 par le Cyber Africa Forum.
« Nous vivons beaucoup d’agriculture en Afrique […] mais nous n’avons pas une production qui est faite de manière optimale. Et l’IA peut fortement contribuer à cela, en nous aidant à réaliser des analyses, anticiper sur la pluviométrie et la planification d’un certain nombre de cultures, [ainsi que l’usage de drones, ndlr] pour moderniser le secteur et optimiser les productions », a d’abord indiqué le responsable. Dans le domaine de la santé, il a précisé que l’IA peut faciliter l’accès aux soins des populations des zones reculées, en améliorant le diagnostic à distance, alors que dans le secteur de l’éducation, il est possible « de définir des parcours de formation sur mesure en analysant un certain nombre d’informations via l’IA ».
Ces déclarations interviennent dans un contexte où les questions liées à l’IA prennent de plus en plus de place sur la scène internationale. Alors que les décideurs publics essayent de se saisir du sujet depuis la fin de la covid-19, le secteur privé tente aussi de s’associer à la démarche, notamment en Afrique où de nombreux experts craignent que les pays ne soient pas préparés à saisir les opportunités offertes par cet outil, ni à faire face à ses dangers.
D’après le FMI, près de 40% des emplois dans le monde seront impactés par les effets de l’IA. Or, d’après les conclusions du rapport de l’Indice mondial de préparation des gouvernements à l’intelligence artificielle, seuls 5 pays africains – l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc, Maurice et la Tunisie – ont été identifiés comme étant prêts dans la préparation, l’exploitation et le contrôle de cette technologie.
Conscient de cette situation, les dirigeants et experts du continent multiplient les initiatives pour renforcer les capacités des professionnels susceptibles d’être les premiers touchés par les effets de l’IA. Du 4 au 6 mars 2024, l’Union africaine a d’ailleurs organisé un sommet sur l’intelligence artificielle et les médias, afin de débattre des questions d’éthique, d’automatisation des processus éditoriaux, et l’impact de l’IA sur la diversité et l’intégrité de l’information.
Dans ce contexte, l’organisation du Cyber Africa Forum à Abidjan les 15 et 16 avril prochains sera une occasion pour les acteurs africains issus de plusieurs secteurs de se pencher plus en profondeur sur la question. A cet effet, le thème de cette année sera : « Risques cybernétiques et Intelligence Artificielle (IA) : quelles stratégies de défense face aux nouvelles menaces numériques ? ».
« Au cours des différentes sessions [du forum, ndlr], nous aurons plusieurs annonces importantes à faire dans le domaine de l’IA et de la cybersécurité en Côte d’Ivoire, mais aussi sur le continent africain », a révélé Franck Kie, commissaire général du Cyber Africa Forum. Et d’ajouter : « cette année, nous avons essayé d’ouvrir la thématique à des secteurs qui n’étaient pas forcément inclus lors des précédentes éditions, comme le secteur de la santé ».
Moutiou Adjibi Nourou
(Source : Agence Ecofin, 16 mars 2024)