L’internet est un outil indispensable pour le développement économique, social et culturel d’un pays. Au Cameroun, le taux de pénétration d’internet est estimé à 45,6% en 2023, ce qui représente une progression par rapport aux années précédentes.
Cependant, l’accès reste confronté à de nombreux défis qui limitent son potentiel et sa qualité. Cet article brosse le portrait de la situation au moment même où l’impact du réchauffement climatique est l’affaire de tous.
Les défis à relever
Comment se passer d’internet à l’heure où tout est connecté ? Réseau informatique mondial, il permet de communiquer à l’échelle de la planète, les frontières étant abolies. Consulter des sites, partager des vidéos, envoyer des mails, participer à des forums de discussion, des blogs, des réseaux sociaux. Et désormais jouer sur un casino en ligne !
Avant l’arrivée du web, pour jouer au blackjack ou à la roulette, il fallait se rendre dans un casino terrestre, payer un droit d’entrée, consommer une boisson. Pour se divertir, inutile d’aller chercher bien loin. Il suffit de se connecter à une plateforme fiable et sérieuse et de sélectionner un jeu.
Sur ordinateur ou sur mobile, le principe est le même. Les sites sont optimisés et les jeux s’adaptent automatiquement à la taille l’écran. Magique ! Mais cette situation idéale n’est pas la priorité de tous.
Le coût d’un forfait
Le coût d’une connexion téléphonique au Cameroun dépend du type de forfait et de l’opérateur choisi. En 2024, il faut compter presque 23 € par mois pour un forfait mobile avec appels et données.
L’opérateur Camtel offre un accès illimité aux réseaux sociaux et à Netflix pour un coût compris entre 2 000 F CFA (environ 3,05 €) et 20 000 F CFA (environ 30,48 €) par mois, selon le volume de données et les minutes d’appels inclus.
Un autre forfait du même opérateur combinant des données, des SMS et des minutes d’appels tous réseaux, coûte entre 500 F CFA (environ 0,76 €) et 35 000 F CFA (environ 53,34 €) par mois, ces tarifs étant susceptibles de varier selon les offres promotionnelles, les taxes et les frais de service.
La qualité de la connexion
Le Cameroun a l’une des connexions les plus lentes du monde, avec une vitesse médiane de 10,55 Mbps pour le mobile et de 8,41 Mbps pour le fixe en 2023. Il faut patienter 11 heures pour télécharger une vidéo de 5 Go. En outre, les coupures d’électricité constantes, les pannes de réseau, les erreurs de facturation et le manque de redondance affectent la disponibilité et la fiabilité du service.
Le fossé numérique
Selon l’ADISI-Cameroun, 60% des utilisateurs d’internet au Cameroun n’ont aucune culture numérique et ne savent pas comment se protéger des risques en ligne, tels que les fausses nouvelles, la désinformation, la cybercriminalité ou la surveillance. Par ailleurs, il existe une inégalité entre les hommes et les femmes dans l’accès et l’utilisation d’internet, avec 43,4% d’utilisatrices contre 56,6% d’utilisateurs en 2023.
Dans un article de 2021, une étudiante en première année de l’Université de Yaoundé raconte ses difficultés d’apprentissage quand elle est privée d’internet ou que la connexion est faible. Les téléphones portables étant des modèles recyclés pour la plupart, ils ne permettent pas le téléchargement rapide des pages pour accéder aux cours. Toutes ces difficultés entament le moral des étudiants qui perdent du temps et prennent du retard dans leurs études.
La campagne 1 étudiant, 1 ordinateur
Pourtant, le projet Higher Education Vision avait bien débuté. En 2018, la campagne de distribution de 500 000 ordinateurs gratuits a débuté dans le pays. L’opération – 1 étudiant, 1 ordinateur – inspirée de campagnes similaires au Gabon, en Guinée et en Côte d’Ivoire représentait un espoir pour de nombreux jeunes.
Mais quelques problèmes techniques sont venus s’insérer dans le projet. En cause, un disque dur bien trop léger pour stocker les fichiers des cours et apprendre à son rythme. L’idée était de demander aux étudiants de prendre en plus, un abonnement sur un Cloud pour augmenter leur espace de stockage.
En quelques semaines, les ordinateurs distribués ont montré des pannes récurrentes allant jusqu’à l’arrêt de la machine ou l’impossibilité de la rallumer. Résultat, peu de temps après le lancement, plus de 400 000 ordinateurs n’avaient pas trouvé preneur.
Internet et l’écologie
Force est de constater l’impact environnemental important de l’internet. Selon le média Brut, si internet était un État, il serait le 6ème plus gros pollueur de la planète. En effet, internet consomme environ 10 % de l’électricité mondiale et émet autant de CO2 que le secteur aérien.
De plus, la production de nos terminaux numériques (smartphones, ordinateurs, tablettes, etc.) requiert des dizaines de métaux en provenance du monde entier, dont l’extraction et le transport sont très coûteux pour l’environnement et les populations locales.
Face à ces enjeux, il existe des initiatives pour réduire l’impact d’internet sur l’environnement, que ce soit du côté des fournisseurs et distributeurs d’énergie, des géants du web, des entreprises, des associations ou des utilisateurs. Par exemple, certains Data Centers utilisent des sources d’énergie renouvelable ou des systèmes de refroidissement plus efficaces.
Le constat est clair, l’internet n’est pas efficient partout. Certains territoires connaissent des problèmes avec des zones blanches où aucun réseau téléphonique ne passe. Le plus grand défi à relever est sans doute celui de l’écologie. Concilier l’écologie et l’internet en les rendant plus verts est un projet qui ne peut être remis à demain.
(Source : Le Journal du Cameroun, 7 mars 2024)