En Guinée, les restrictions d’accès à internet qui étaient imposées depuis trois mois ont été levées dans la nuit de jeudi à vendredi.
Ces restrictions avaient été imposées en raison d’un « problème » de sécurité, selon les autorités guinéennes. Elles ont été levées dans un climat de tension sociale grandissante et après l’annonce lundi de la dissolution du gouvernement par la junte militaire au pouvoir depuis deux ans et demi, qui n’en a pas donné les raisons. C’est bien le problème pour Abdoulaye Oumou Sow, responsable communication de « Tournons la Page Guinée », joint par Paulina Zidi de la rédaction Afrique.
Il avoue avoir été surpris du rétablissement, qui n’a pas été officiellement annoncé par les autorités, et s’interroge encore sur cette mesure appliquée sans aucune explication et sans aucune justification, selon lui. « Le pouvoir a coupé en catimini internet et il a ramené internet également en catimini, sans pour autant communiquer le pourquoi et le comment tout cela est arrivé. Ça vient confirmer la volonté qu’a le pouvoir de vouloir museler les gens, d’autant plus que ça a créé beaucoup beaucoup d’inconvénients dans la vie socio-économique du pays – notamment, l’économie numérique a été arrêtée, les étudiants qui suivaient les cours à distance ne pouvaient pas suivre les cours et des jeunes qui ont des start-ups ne pouvaient pas faire fonctionner ces start-ups, des entreprises de presse ont fermé, certaines entreprises de média ont également fermé.
Il y a eu beaucoup de torts qui ont été causés par cette décision illégale et illégitime, mais aussi une décision qui n’a pas été justifiée jusque-là. Nous savons que la grogne sociale est en train de monter et le mouvement syndical guinéen a appelé à une grève générale illimitée à partir de lundi prochain. Et parmi ses revendications, le rétablissement d’internet. Est-ce que c’est parce que la grogne sociale est en train de monter qu’on libère un peu internet pour apaiser un peu les tensions ? On ne sait pas, d’autant plus qu’il n’y a pas eu d’explications. »
Par ailleurs, le responsable d’un syndicat de presse détenu pour avoir appelé à manifester contre la censure de certains médias et d’internet a été condamné ce vendredi à six mois de prison dont trois avec sursis, a indiqué son avocat, maître Salifou Béavogui. Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), avait été placé en détention il y a un mois.
(Source : RFI, 24 février 2024)