La Gamescom, l’un des plus grands salons de jeux vidéo au monde, se déroule en Allemagne du 21 au 25 août 2024. Alors que les yeux seront braqués ces prochains jours sur Cologne, ce secteur continue de gagner du terrain en Afrique, aussi bien à travers la consommation que dans la création vidéoludique. Détails.

C’est une facette méconnue du jeu vidéo : depuis quelques années, l’Afrique s’impose dans ce domaine et le nombre de joueurs ne fait que grandir. Tant et si bien que le continent, parfois comparé à un « nouvel eldorado », pourrait devenir un acteur incontournable de l’industrie qui, en 2023, a généré près de 184 milliards de dollars.

Ainsi, rien qu’entre janvier et décembre 2022, le nombre d’Africains jouant sur leur téléphone aurait augmenté de 18% pour atteindre les 200 millions d’accros. C’est ce qu’affirme une étude du cabinet chinois DataSparkle, spécialisé dans les marchés émergents.

Résultat des courses : l’Afrique, conjuguée au Moyen-Orient, représentent aujourd’hui 9% du marché global du jeu vidéo, affirme un second cabinet néerlandais, Newzoo, leader dans l’étude des données de l’industrie.

Certes, il s’agit d’une part minime, qui devrait pour autant bénéficier de 8,9% d’augmentation en 2024, soit la plus importante dans le monde.

L’âge d’or du jeu vidéo africain pourrait d’abord venir du fait de vendre des jeux africains aux Africains.

Selon une étude réalisée entre juillet et août 2023 sur trois pays par le Game Hub Sénégal, un incubateur basé à Dakar, plus de 40% des sondés avaient concédé avoir acheté un jeu durant les 12 derniers mois. Et 18% ont affirmé avoir dépensé de l’argent en plus pour débloquer certains niveaux.

Pour autant, les studio américains et chinois dominent toujours le marché : 82% des répondants n’avaient en effet jamais entendu parler des jeux vidéo développés dans les pays africains.

« Le Responsable » : un jeu inspiré des « Sims » mais qui parodie des travers de l’administration camerounaise Le studio camerounais Kiro’o Games a développé une simulation du quotidien d’un fonctionnaire intitulé Le Responsable. À la croisée de la tradition et de la modernité, chacune de vos décisions y a un impact sur vos administrés ainsi que sur votre vie de famille.

Votre histoire y démarre dans votre village. Après des études dans l’école de « formation très théorique », vous montez à Mboa City, afin de devenir fonctionnaire d’État. « Vous avez demandé le matricule ? On va vous donner ça », annonce une voix. Sauf que voilà : avant d’obtenir le précieux matricule, il faudra vous confronter aux coutumières politesses ainsi qu’aux méandres de l’administration. Un parcours du combattant dont le succès dépendra de vos choix.

Un simulateur du quotidien développé par l’équipe d’Olivier Madiba, entrepreneur camerounais, qui s’est inspiré du jeu vidéo Sims ainsi que des centres d’intérêts d’une jeunesse parfois désœuvrée. « Si tu es jeune adulte africain ou de la diaspora, tu auras ce débat au moins une fois dans la journée : pourquoi nos pays ne se développent pas assez vite alors que nous avons des élites qui semblent vivre leur meilleure vie, alors que de l’autre côté, il y a la dissonance entre nos attentes de traditions et la vie moderne qui se mixe avec les mélanges de cultures. »

Accepterez-vous les pots-de-vin ? Choisirez-vous d’avoir une vie extra-conjugale ? Tous les choix du joueur, dans Le Responsable, auront des conséquences sur le bon développement de la République très démocratique du Mboa. Mais le studio tient à préciser : il s’agit d’une « œuvre parodique et fictionnelle » et tous les « événements et personnages, même ceux pouvant rappeler des faits et personnages réels, sont implicitement et explicitement purement fictionnels »…

Paul Lorgerie

(Source : RFI, 21 août 2024)

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