Dans le tourbillon de la campagne pour l’élection présidentielle 2024, les réseaux sociaux X, TikTok, Facebook et Instagram se sont imposés comme des champs de bataille incontournables pour les candidats. Ces plateformes numériques offrent un espace sans précédent pour la diffusion de messages politiques, l’engagement des électeurs et même la controverse.

Si certains ont compris ces enjeux en y investissant massivement, d’autres lésinent encore sur les moyens. La coalition Diomaye2024 a bénéficié de cette présence massive de l’ex-parti Pastef qui a été omniprésent sur la toile au cours des dernières années. Ses militants ont créé des centaines de pages et de groupes sur Facebook, inondant cet espace avec des vidéos (live) ou des posts de propagande.

La formation politique a aussitôt créé un site web pour les besoins de la campagne. Une innovation que d’autres n’ont pas manqué de faire. C’est le cas du candidat de la mouvance présidentielle Amadou Ba, alyngouillendiaye2024.sn ou khalifa2024.org, dionne2024, diao2024 et Mamadoulaminediallo.

Pour rappel, Facebook demeure un outil privilégié pour atteindre un public plus âgé, où les débats et les discussions sont plus approfondis.

Les stratégies déployées sur les réseaux sociaux par les candidats révèlent une compréhension profonde de leurs électeurs cibles. Les jeunes électeurs, par exemple, sont courtisés sur TikTok et Instagram avec des contenus plus dynamiques et visuels. Dans cet espace juvénile et transversal, le candidat de BBY caracole en tête (546 mille abonnés), suivi de l’ancien Premier ministre Boune Abdallah Dionne (436 mille), Diomaye Faye (243 mille), Mame Boye Diao (126 mille), Khalifa Sall (28 mille), Pape Djibril Fall (23 mille) et Anta Babacar Ngom (moins de 14 mille).

Les autres candidats ont choisi, à dessein ou pas, être quasi absents de cette plateforme de plus en plus utilisée par les acteurs politiques.

Selon les derniers résultats Africascope 2021-2022 publiés récemment par Kantar, plus de 30 % des Sénégalais utilisent TikTok. Un chiffre qui, sans doute, devrait être revu à la hausse en cette période. Alors que les jeunes, y compris les primo votants, sont en nombre important pour ce scrutin, leur engagement pourrait être décisif, même s’ils votent moins que les adultes.

Sur Threads, le réseau social réputé sérieux et élitiste, Khalifa Sall vient en tête avec près de 400 mille followers, suivi d’Amadou Ba et de Bassirou Diomaye Faye, avec respectivement 46 mille et 24 mille abonnés.

Toutefois, en ce qui concerne les publications et leur audience, l’ex-Pastef et BBY dominent la toile avec des centaines de publications par jour sur leurs différentes plateformes.

Au regard des tendances (publications par jour) sur Threads : Bassirou Diomaye président, Ousmane Sonko Amadou Ba et Sénégal vote viennent en tête.

De véritables geeks, parfois des volontaires ou des recrues sont préposés à ces tâches numériques pour influer dans cette arène numérique.

La personnalisation des campagnes numériques se manifeste également par l’utilisation de données pour cibler de manière chirurgicale les messages, selon les intérêts, les préoccupations et même la localisation des électeurs. Cette approche permet aux candidats de parler directement des préoccupations spécifiques de chaque segment de l’électorat.

Quel impact attendre de ces plateformes sur le résultat de l’élection ?

Pour le chercheur en communication politique Amadou Moctar Ann, l’un des défis majeurs pour les candidats sur les réseaux sociaux est de maintenir une image d’authenticité et de transparence. “Les électeurs, en particulier les plus jeunes, valorisent l’authenticité et peuvent être rapidement désillusionnés par ce qu’ils perçoivent comme des tentatives manipulatrices ou ingénues de se connecter avec eux. Les gaffes et les faux pas sont également amplifiés sur ces plateformes où un tweet maladroit ou une vidéo controversée peut rapidement devenir viral, avec des répercussions potentiellement désastreuses”.

L’usage des réseaux sociaux dans la campagne présidentielle marque une transformation profonde de la communication politique. Cette ère numérique offre des opportunités sans précédent pour l’engagement et la personnalisation, mais elle exige également des candidats une vigilance et une authenticité constantes.

Alors que les électeurs continuent de se tourner vers les réseaux sociaux pour s’informer et interagir avec les candidats, l’impact de ces plateformes sur le résultat des élections ne fera que croître. Dans cette arène numérique, la capacité à naviguer avec habileté et intégrité pourrait bien être déterminante pour le succès final.

Amadou Camara Guèye

(Source : Enquête, 14 mars 2024)

JOURNAL DE LA CAMPAGNE SUR LA CHAINE YOUTUBE DE LA RTS

Le top 3 des vidéos les plus regardées

Dans cette effervescence numérique, le formateur au Cesti, Mountaga Cissé, a dressé un aperçu des tendances en nombre de visionnages des vidéos du journal de la campagne diffusé dimanche 10 mars 2024 sur la chaine YouTube de la RTS.

Pour ce chercheur qui a publié cette petite recherche sur sa page Facebook, ce classement renseigne en partie sur l’intérêt des Sénégalais sur les différents candidats. Le top 3 des vidéos les plus regardées du deuxième jour est composé de Bassirou Diomaye Faye (plus de 100 mille vues), Habib Sy (39 mille) et Amadou Ba (29 mille).

Le top 5 du premier jour était comme suit : Cheikh Tidiane Dièye, Habib Sy, Idrissa Seck, Amadou Ba et Aliou Mamadou Dia.

Dans la foulée de cette campagne, l’ex-Pastef a aussi développé un logiciel pour remonter les résultats au soir du 24 mars, afin de parer à ‘’toute confiscation de vote des Sénégalais”, indique la coalition DiomayePrésident dans un communiqué diffusé le mardi 12 mars 2024.

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