La quantité d’infrastructures télécoms à haut débit implantées sur le continent africain depuis 2010 en fait un marché à fort potentiel pour les groupes tech internationaux. Mais aujourd’hui encore, ces investissements semblent toujours sous-estimés.
Le taux de couverture par le haut débit fixe reste en dessous de 10% en Afrique, malgré les nombreux investissements engagés au cours des 10 dernières années. Dans son rapport (Agence Ecofin) – « Global Connectivity Report 2022 », l’Union internationale des télécommunications renseigne que seuls 7 foyers sur 100 étaient couverts contre 82% pour le mobile en 2021.
Il s’agit du niveau mondial le plus faible (taux de 96% en Europe pour 88% et 86% respectivement pour l’Asie-Pacifique et l’Amérique), et il n’a pas évolué depuis lors. En matière d’abonnements, seul 1% des consommateurs avaient souscrit au service sur le continent en 2021, là aussi le plus faible taux mondial. En Europe, il était de 35% pour 23% et 17% respectivement en Amérique et en Asie-Pacifique.
D’après l’agence des Nations unies spécialisée dans les télécoms, le retard du haut débit fixe s’explique par les préférences des consommateurs qui optent pour le service mobile le moins coûteux et le plus flexible. Pour les opérateurs télécoms, cela s’explique par le coût d’investissement. « Les réseaux à large bande fixe sont très coûteux à déployer, à entretenir et à mettre à niveau, en fonction de la géographie et de l’extension du territoire à couvrir », informe l’UIT. Les tarifs d’accès au haut débit fixe en Afrique sont les plus chers au monde, soit 17,9% du revenu national brut mensuel par habitant.
Depuis 2020, l’Afrique enregistre la plus rapide croissance annuelle de la capacité de transmission Internet au monde selon le rapport « The State of Broadband 2023 Digital Connectivity A Transformative Opportunity » de la Commission sur le haut débit des Nations unies. Le continent accueille déjà plus de 25 systèmes sous-marins de fibre optique et est parcouru par près de 1,2 million de km de fibre terrestre. Mais seulement 25% de sa population vit à moins de 10 km d’un réseau de fibre optique.
A l’échelle mondiale, seulement 2,3 milliards de personnes (29%) vivaient à moins de 10 km d’un réseau de fibres en 2021. En Europe, plus de 60% de la population vit à moins de 10 km, pour près de 47% en Amérique et 22% en Asie-Pacifique, fait remarquer We Are Tech Africa.
Bien que de plus en plus de personnes choisissent les réseaux mobiles plutôt que ceux fixes pour se connecter à Internet, l’UIT estime que ces derniers restent importants. « Les réseaux fixes à haut débit ont généralement une plus grande capacité de données que ceux mobiles, et les limites de téléchargement sont plus élevées que les forfaits mobiles à haut débit de prix similaire. Ils sont plus rapides et plus fiables que les réseaux 3G ou 4G, ce qui les rend plus adaptés aux activités à large bande passante telles que les jeux et les appels vidéo ».
Au-delà de l’usage de l’Internet à haut débit fixe à domicile qui s’avère encore inaccessible pour la plupart, notamment à cause du coût des ordinateurs et de l’abonnement mensuel, c’est surtout pour les PME que le service est stratégique. Dans son enquête « The State of Broadband : Accelerating broadband for new realities September 2022 », la Commission du haut débit pour le développement durable indique qu’elle a mené une enquête sur les entreprises informelles dans 9 pays africains, révélant de faibles niveaux d’utilisation des TIC.
« L’utilisation d’Internet à des fins professionnelles était de 7% en moyenne, allant de 24% en Afrique du Sud à 1% au Rwanda. La possession d’un ordinateur est également faible : plus de 90% des entreprises interrogées au Ghana, au Kenya, au Mozambique, au Nigeria, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda déclarent ne pas en avoir ».
Une microentreprise unipersonnelle peut certes estimer un smartphone avec accès sans fil suffisant pour mener à bien ses activités, en particulier pour la vente en ligne basée sur les réseaux sociaux, et plusieurs entreprises estiment encore n’avoir pas besoin d’un accès à Internet ou d’un ordinateur. Le haut débit fixe a pourtant la capacité d’améliorer les activités opérationnelles et commerciales, comme l’a démontré la crise de la Covid-19.
Dans le rapport « Economic impact of broadband in LDCs, LLDCs and SIDS An empirical study, 2019 », l’UIT estime qu’une augmentation de 10% de la pénétration du haut débit fixe devrait avoir comme incidence une augmentation de 2 à 2,3% du PIB par habitant.
(Source : Agence Ecofin, 13 octobre 2023)