10 milliards de dollars. C’est la somme que réclame le Nigeria à la plateforme d’échange de cryptomonnaies Binance. Depuis le 26 février 2024, l’américain Tigran Gambaryan et l’anglo-kenyan Nadeem Anjarwalla, deux dirigeants de Binance, étaient détenus au Nigeria. Tous deux poursuivis pour évasion fiscale. Les deux cadres de Binance sont arrivés au Nigeria le 26 février, dans le cadre d’une réunion avec les autorités à Abuja. Mais, leurs passeports ont rapidement été confisqués et ils ont été placés en détention provisoire, au sein de leur hôtel, la Maison d’hôtes d’Abuja.
Coup de tonnerre, ce 25 mars 2024, les autorités nigérianes annoncent que l’anglo-kenyan Nadeem Anjarwalla s’est évadé vendredi 22 mars 2024 de la maison d’hôtes d’Abuja. Une évasion qui advient au moment où le Service fédéral des impôts du Nigeria (FIRS) a annonce avoir déposé quatre nouvelles accusations liées à l’évasion fiscale auprès de la Haute Cour fédérale d’Abuja. L’étau se resserre autour de Binance, qui aussi connu des démêlés avec la justice américaine. Aux États-Unis d’ Amérique, Binance était poursuivi en 2023 pour blanchiment et pour avoir détourné l’argent de ses clients.
Pour maintenir son bateau à flots, Changpeng Zhao (CZ), le PDG de Binance a accepté de plaider coupable pour blanchiment d’argent et de payer une amende de 4, 3 milliards de dollars, pour mettre fin à l’ensemble des poursuites. Il va quitter le sol américain, abandonner son poste pour aller s’installer aux Émirats Arabes unis. Cela rappelle le schéma d’un certain Sam Bankman-Fried, l’ancien PDG de la plate-forme de cryptomonnaies FTX.
Lui aussi avait détourné les fonds des clients de sa plateforme, puis a fait faillite en novembre 2022. Il encourt encourt jusqu’à 110 ans de réclusion criminelle. Hasard du calendrier, le juge fédéral de New York, Lewis Kaplan, a fixé l’annonce de la peine de Sam Bankman-Fried au 28 mars 2024.
Les autorités nigérianes affirment que 26 milliards de dollars ont été échangés sur la plateforme par des Nigérians. Avec comme conséquence, selon le gouvernement, un effondrement de la monnaie locale (Naira. Un chiffre que contestent les spécialistes des cryptomonnaies.
Quoiqu’il en soit, le président de la République fédérale du Nigeria, Bola Tinubu, est persuadé que le mal est profond. « Si nous ne fermons pas Binance, Binance va détruire l’économie de ce pays », ainsi défendait-il les sanctions du gouvernement nigérian contre la plateforme d’échange de cryptomonnaies Binance.
Binance est accusé par les autorités nigérianes de « manipuler les taux de change » au moment où la devise nationale s’effondre et où l’inflation monte en flèche. Binance conserve sa position de leader mondial avec 110 milliards de dollars d’actifs désormais sous gestion.
Jean Materne Zambo
(Source : Digital Business Africa, 26 mars 2024)