Le Sénégal à l’heure des infrastructures publiques numériques…
Le Sénégal semble mettre son horloge à l’heure des infrastructures publiques numériques. Depuis avec le data center de Diamniadio, il y a un an, un projet sur l’utilisation des données ouvertes a été initié. Le responsable du Data Center de Diamniadio avec qui PressfArik s’est entretenu confirme et énumère les causes de son inefficacité. « Dans ce centre nous sommes à 40 % des transferts de données. Mais si nous avions finalisé cela, la prochaine étape serait de rendre ses données ouvertes. Avec cela, nous prévoyons d’utiliser datagouvsn. Cela permettra à l’utilisateur d’avoir accès à une plateforme de base de données. » Informations mises dans l’espace public. Mais c’est difficile de concrétiser tout cela. L’expert en données numériques donne des idées. « Pour y parvenir, il faudra une puissante infrastructure publique numérique. Car si nous ne l’avons pas : le risque ? c’est le piratage des services de l’Etat et de ses données. Mais au Sénégal, il existe des algorithmes qui sont déjà prêts pour ça. »
Nous avons besoin d’IPN puissants pour assurer la sécurité des données ouvertes
Et en matière d’Infrastructures Publiques Numériques (EPN), le Sénégal s’en sort bien en n’en possédant que deux. Il s’agit du centre national de données de Diamniadio et du Parc technologique numérique (PTN) qui est en cours de finalisation. Et seuls ces deux centres de données pourront ouvrir les données aux citoyens de manière transparente. Mais la question qui mérite d’être posée est la suivante : Avons-nous suffisamment d’espace au Sénégal pour héberger ces données ? La réponse est évidente pour le responsable du Data Center de Diamniadio. « Ces données dont nous parlons existent et elles sont stockées sur des serveurs et devront être rendues accessibles. Ici nous avons hérité d’un système purement colonial et nous avons une grande centralité de l’administration. N’en avons-nous pas assez de cette culture de démocratie participative ? C’est pourquoi lorsqu’un citoyen peut se lever un jour pour demander le budget municipal, on lui demande : Qui es-tu ?
Alexandre Guibert Lette, consultant sur les problématiques OPEN DATA et Civitech, vient apporter des éclaircissements au débat. « C’est l’absence de législation générale sur l’accès à l’information qui constitue un véritable obstacle à l’expression démocratique. Après, quand on parle du Sénégal et de son manque d’arsenal numérique qui ne garantit pas l’accès à l’information, l’État rétorque certainement, ils n’ont pas de lois générales mais des lois sectorielles. C’est juste une parade que l’État met en place pour se défendre. Ce qui ne tient pas la route aux défenseurs des données publiques. » Mais ce n’est pas assez. Selon le spécialiste de l’Open Data, le Sénégal doit adopter un Plan d’action national. Selon lui, il s’agit d’une liste de recommandations que l’État partage avec la société civile. Et dans ce PAN, il est noté que le Sénégal allait adopter la loi sur l’accès à l’information avec la 13ème législature. Très actuel, il trace ce qui devait être la feuille de route des dossiers liés à l’open data.
Parler de données ouvertes implique-t-il une accessibilité universelle à l’information et une protection des données personnelles ? Tidiane Seck, ancien PDG de l’ADIE, pour lui les prétextes de protection des données personnelles évoqués par les autorités ne sont qu’une sorte de « paravent » « un faux prétexte ». Et comment ? M. Seck explique que dans la plupart des cas, il n’est pas nécessaire de connaître les personnes derrière les données. Et même lorsqu’il existe des données dites personnelles, l’anonymisation peut être réalisée. Cela n’affectera en rien la qualité des données. »
Morale de l’histoire pour lui : « Il faut savoir qu’avoir ces données fiables, précises et vraies, non falsifiées, permet de faire des prévisions précises comme le font les pays avancés. »
Mais d’ores et déjà, les résultats du Recensement Open Data montrent que le Sénégal collecte déjà une grande quantité d’informations publiques sous format numérique, dont 8 des 10 ensembles de données définis. Cependant, plusieurs de ces ensembles de données ne sont pas accessibles en ligne (résultats des élections, registre des entreprises), et aucun n’est disponible dans un format lisible par un programme informatique, tel que CSV. Ainsi, les données de l’ANSD, l’Agence nationale de la statistique du Sénégal, sont clairement accessibles sur leur site, mais disponibles uniquement au format PDF. Il n’existe également aucune licence précisant les conditions d’utilisation des ensembles de données accessibles. Enfin, des incertitudes demeurent quant à l’exhaustivité et à l’exhaustivité des données. Tous les textes juridiques ne sont pas accessibles et le projet Openstreetmap Sénégal a démontré la faible qualité des cartes officielles.
(Source : News Day, 15 décembre 2023)