Depuis le 24 novembre, l’accès aux réseaux sociaux est restreint. On observe également un brouillage systématique des ondes de certaines radios privées comme Djoma FM, Fim FM et Espace FM.
Ce mercredi matin, aux alentours de 10h30, heure locale, la radio Espace FM a rejoint la liste des radios privées dont le signal est brouillé, nous explique Aboucar Camara, président de l’Urtelgui (l’union des radiodiffusions et télévisions libres de Guinée).
Djoma FM et Fim FM sont également concernées par ces brouillages.
Emmanuel Millimono, journaliste à Fim FM, rappelle que son média est une radio qui diffuse de l’information en continu et les auditeurs sont habitués à cette culture de l’information.
“Rien ne semble arrêter cette volonté de l’autorité de régulation des postes et télécommunications à faire taire la presse” (Aboucar Camara)
Il déplore donc les conséquences économiques deces mesures sur les radios privées qui sont des entreprises dont la survie est menacée, en même temps que les emplois des salariés de la radio.
“Sur le plan même de la liberté de la presse, de la liberté d’expression, qu’on dise que des médias ne peuvent pas dire un seul mot de ce qui se passe, l’impact est énorme. Et on sent cela au sein de l’opinion, nos auditeurs s’en indignent car ils ne peuvent pas accéder à l’information. “
Répercussions économiques
Alpha Diallo, le président de l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui), rappelle que le taux d’accès à internet ne cesse d’augmenter dans le pays. Plus de la moitié des Guinéens y sont ainsi connectés et utilisent notamment les réseaux sociaux pour accéder à l’information et communiqueravec leurs proches.
Avec cette restriction, souligne Alpha Diallo, c’est la grande majorité des Guinéens qui n’arrivent pas à accéder à Facebook, X ou encore Instagram.
“Il y a aussi une économie naissante autour des réseaux sociaux en Guinée” précise M. Diallo
“On a des jeunes start-up dont l’activité dépend principalement de ces réseaux sociaux, on a également des entrepreneurs individuels qui utilisent les réseaux sociaux pour faire du commerce en ligne. Tous ces acteurs voient leur activité s’effondrer ces derniers jours parce que la grande majorité des citoyens n’arrivent pas à contourner les restrictions pour accéder à ces plateformes. “
Des mesures pour continuer à émettre
Du côté de l’Urtelgui, Aboucar Camara, président de cette structure, affirme qu’il s’agit d’un acharnement du pouvoir, avec une volonté de museler la presse.
“Rien ne semble arrêter cette volonté de l’autorité de régulation des postes et télécommunications à faire taire la presse audiovisuelle, mais nous n’allons pas le laisser faire. Nous avons décidé que dans les prochaines heures, nous allons nous organiser de telle sorte que les émissions qui sont en train d’être empêchées de réalisation puissent passer à travers des synchronisations sur l’ensemble du territoire avec les radios qui seront réparties en trois groupes. “
L’ancien bâtonnier guinéen, maître Mohamed Traoré, demande par ailleurs à ce que ces méthodes rétrogrades dignes des régimes totalitaires soient bannies.
(Source : Deutsche Welle, 30 novembre 2023)