Starlink continue de faire face au défi de la conformité réglementaire. Au Cameroun, par exemple, la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a martelé que « l’importation au Cameroun d’un matériel de transmission de télécommunication est subordonnée à l’homologation de l’ART ». La ministre a aussi brandi les risques de sécurité des données personnelles. Ces deux arguments font que les jours de Starlink au Cameroun sont toujours comptés. Bien que la technologie révolutionnaire d’Elon Musk résolve l’équation de la couverture internet des zones reculées. Et corrélativement, on assiste à une fracture numérique qui s’amenuise. Le cas du Zimbabwe parle aux pays « rétifs » à la technologie par satellite en basse orbite. Rétifs pour la raison que ces pays invitent l’entreprise américaine à se conformer à la réglementation en vigueur, au grand dam d’une demande de connectivité de plus en plus croissante.
La volte-face positive
Vous vous souvenez qu’au Zimbabwe, Starlink n’était la bienvenue jusqu’à ce 25 mai 2024. Ce jour où tout a basculé. Le président zimbabwéen, S.E Emmerson Mnangagwa, a approuvé l’octroi d’une licence à Starlink, contre toute attente. Cette décision du président Mnangagwa, vue comme un rétropédalage, est assortie d’une condition : faire de l’entreprise IMC Communications (Pvt) Ltd, le partenaire exclusif de Starlink au pays. IMC Communications, nouvellement enregistrée, partage ses bureaux avec Intratrek Zimbabwe, spécialisée dans les achats d’ingénierie et la construction dans le secteur des énergies renouvelables.
L’entreprise offre également des services dans les domaines de l’énergie solaire, de l’énergie hydroélectrique, ainsi que du transport et de la distribution d’électricité. Intratrek Zimbabwe propose des solutions de comptage pour compléter ses principaux services énergétiques. Ces deux sociétés appartiennent à l’homme d’affaire Zimbabwéen Wicknell Chivayo. En imposant IMC Communications (Pvt) Ltd, le Zimbabwe garde la main sur les activités de Starlink dans son territoire. Même comme l’on ne sait pas si hormis la distribution des Kits Starlink, IMC Communications (Pvt) Ltd a aussi la charge de vendre les abonnements mensuels.
L’entreprise américaine Starlink avait bien la possibilité de cheminer avec le groupe de télécommunications panafricain Paratus, comme le prévoit un accord signé en 2022. Faisant de l’entreprise, la principale distributrice des services à haut débit de Starlink sur le continent africain. Starlink est également partenaire d’Africa Mobile Networks, le spécialiste britannique des tours télécoms en zone rurale. Tous les moyens sont bons pour que les consommateurs puissent s’assurer des Kits en toute légalité. Dans les pays où Starlink est prohibée, les consommateurs sont créé des circuits d’approvisionnement. Un marché noir est même né, et ne profite malheureusement pas à nos économies.
Pour l’intérêt de la demande
Pour l’intérêt des consommateurs, le Ghana a préféré mettre la charrue avant les bœufs. En décembre 2023, l’Autorité nationale des Communications du Ghana (NCA) mettait en garde contre la fourniture et l’utilisation illégales des services de Starlink. Mais le 25 avril 2024, la NCA a approuvé la demande de SpaceX Starlink GH LTD, la filiale locale de la société américaine, à fournir des services Internet à haut débit par satellite dans le pays. Et ce, sans que la licence d’exploitation ne fût délivrée au préalable. Les procédures administratives en vue de la délivrance de la licence d’exploitation étant toujours en cours. Conséquence, le Ghana a vu son taux de pénétration d’internet en grimper. 70% en janvier 2024, contre 68 % le même mois en 2023. Le pays a également près de 24.06 millions d’internautes, contre 23 millions en 2023. (Chiffres NCA).
Ce taux élevé de la pénétration de l’internet n’est pas à mettre uniquement à l’actif de Starlink, il faut le reconnaître. Certaines initiatives ont été prises par le gouvernement et les opérateurs pour réduire la fracture numérique d’autres sont en cours de réalisation. Notamment, MTN Ghana dans le cadre sa stratégie « Ambition 2025 ». L’opérateur de télécommunications explore des partenariats avec des sociétés de satellites en orbite basse (LEO). Ceci, pour renforcer son réseau terrestre. La liste n’est pas exhaustive.
Côté gouvernement ghanéen, un partenariat public-privé a été annoncé ce lundi 27 mai 2024 avec Ascend Digital, K-Net, Radisys, Nokia, Tech Mahindra, AT Ghana et Telecel Ghana pour lancer Next-Gen InfraCo (NGIC). La société d’infrastructure partagée neutre a pour mandat de fournir la 5G aux opérateurs télécoms et fournisseurs d’accès à Internet ghanéens dans les six prochains mois.
Jean Materne Zambo
(Source : Digital Business Africa, 28 mai 2024)