En Tanzanie, le thé est l’une des principales cultures de rente avec la noix de cajou, le coton et le café. Le pays qui est un acteur mineur sur le marché mondial de la feuille veut augmenter son poids sur le segment des exportations.

En Tanzanie, le Conseil du thé (TBT) a procédé le 13 novembre dernier au lancement officiel des enchères en ligne de thé de Dar es Salaam, une première dans l’histoire du pays. Cette annonce marque le début de la phase d’opérationnalisation d’un projet initié depuis 5 ans.

Selon le régulateur, cette plateforme permettra principalement de réduire de 50 % les coûts de transport des producteurs qui étaient jusque-là obligés de se rendre aux enchères de Mombasa au Kenya pour écouler leur production.

Cette entrée en service, fait de la Tanzanie le 3ème pays d’Afrique de l’Est à posséder une place pour les enchères de thé après celle de Mombasa au Kenya et de Limbe au Malawi. Pour ces débuts, la plateforme en ligne compte traiter 65 tonnes de thé par semaine, avec les ports de Dar es Salaam et de Tanga qui seront utilisés pour le transport de la feuille.

Une menace pour Mombasa  ?

Ce nouveau centre de vente de thé en Tanzanie suscite plusieurs inquiétudes du côté de Mombasa qui est le deuxième plus grand centre de vente aux enchères de thé noir au monde, après celui de Colombo au Sri Lanka, traitant environ 500 000 tonnes de différents types de thé par an.

En effet, des fournisseurs de thé du Burundi, du Rwanda ou encore du Mozambique pourraient aussi se tourner vers Dar es Salaam qui offre un avantage géographique et d’autres incitations.

S’exprimant sur le sujet, Peter Kimanga, président de l’Association des acheteurs de thé du Kenya, indique que les enchères de Mombasa seraient probablement touchées, étant donné que la Tanzanie ne prélève pas de droit de douane sur le thé en provenance des autres pays d’Afrique de l’Est.

«  Le Kenya impose aux thés un prélèvement douanier de 16 %, en plus des taxes prélevées par différents pays sur le corridor nord, ce qui rend les affaires plus coûteuses et entraîne des retards dans le dédouanement des cargaisons  », explique le responsable.

Par ailleurs, souligne-t-il, l’autre risque est que le Rwanda dont la feuille de qualité exceptionnelle est réputée à l’internationale, se tourne vers la Tanzanie avec la proximité, ce qui pourrait réduire l’intérêt des acheteurs.

Il faut rappeler que les enchères de Mombasa dépendent à hauteur de 20 % des pays d’Afrique de l’Est pour son approvisionnement en thé. En 2022, la Tanzanie n’a expédié qu’environ 20 000 tonnes de thé sur le marché international pour une valeur de 30 millions $ selon les données compilées sur la plateforme Trademap.

Stéphanas Assocle

(Source : Agence Ecofin, 20 novembre 2023)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *