La révolution numérique est en cours et son impact ne fera que s’accroître dans les prochaines années. Aucun secteur d’activités n’est épargné. Au Sénégal, le poids de l’économie numérique est en constante augmentation.

Partout dans le monde, le numérique transforme la manière dont les entreprises opèrent et celle dont les consommateurs interagissent avec les produits et services.

Selon les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le poids de l’économie numérique dans le PIB du Sénégal s’élevait en 2021à 3,5 % soit un chiffre d’affaires de 977 646 915 393 milliards de FCFA.

En 2020, il était de 3,8 % pour un chiffre d’affaires de 912 832 200 409 FCFA et 4 % en 2019 pour un chiffre d’affaires 808 053 574 654 FCFA. Comme on le voit, le chiffre d’affaires est quasi stable et oscille entre 3,5 et 4%. Ce taux de croissance est principalement du au développement du secteur des télécommunications qui représente 90 % de l’économie numérique sénégalaise.

Le Sénégal faut-il le rappeler, compte une couverture mobile de 100 % et le nombre d’abonnés à internet mobile a atteint 20 millions en 2022. Les autres secteurs de l’économie numérique sénégalaise sont en plein développement. Il s’agit notamment du commerce électronique, des services financiers numériques et des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Conscient des enjeux, le Sénégal a déjà pris des mesures pour encourager le développement numérique en mettant en place un plan d’action Sénégal Numérique 2025, pour le développement de l’économie numérique. Ce plan vise à faire du pays un leader régional du numérique en s’appuyant sur 3 piliers à savoir : l’augmentation de sa contribution au PIB à 10 % , ensuite la création d’un million d’emplois dans ce secteur d’ici 2030, et enfin le renforcement de la compétitivité du Sénégal sur le marché régional des TIC où il a de réels atouts. Le pays dispose de ce point de vue, d’un environnement des affaires propice aux investissements et d’une population jeune et connectée. Il s’y ajoute que le Sénégal compte une importante communauté de développeurs de logiciels.

Ibrahima Nour Eddine Diagne, administrateur général de Gaïnde 2000 confirme que les technologies de l’information et de la communication ont et auront un impact profond sur l’économie sénégalaise, soulignant qu’elles contribuent à sa diversification, à l’amélioration de la productivité et à la création d’emplois. Les TIC favorisent selon lui, le développement de nouveaux secteurs économiques tels que le e-commerce, le tourisme numérique et les services numériques. Ces secteurs offrent de nouvelles opportunités notamment aux jeunes.

En plein essor, le e-commerce ouvre une nouvelle voie aux jeunes qui se lancent, de plus en plus, dans la création de startups, indique Papa Diallo, directeur de l’Institut supérieur de finance. Depuis 2014 en effet, de nombreuses plateformes ont été créées au Sénégal. Ces startups proposent une variété de produits et de services notamment des vêtements, des chaussures, des produits électroniques, des aliments et des services de livraison. On peut citer soreetul.com, premier site de produits locaux transformés créé par Bintou Coudy, maketbi.com de El Hadj Mamadou Lô, tongtong.sn de Ahmed Cissé, mlouma.com de Aboubacar Sidy Sonko ou encore assurancefacile.sn, premier site d’assurance automobile en ligne créé par Abdou Dieng. La liste est longue et témoigne de l’engouement des Sénégalais pour ce mode d’achat. Plusieurs raisons expliquent cette évolution. Les jeunes ont une meilleure compréhension de l’Internet et de ses avantages et sont plus à l’aise pour faire des achats en ligne en étant disposés à payer un supplément pour la commodité.

Cependant, Ibrahima Nour Eddine Diagne met en avant le rôle joué par des incubateurs comme le Centre de transfert de technologie de l’information et de la communication (CTIC) dans l’accompagnement de ces jeunes. CTIC Dakar a contribué à la sensibilisation et à l’entrepreneuriat numérique, en organisant régulièrement des événements et des formations pour sensibiliser les jeunes et les entrepreneurs aux opportunités offertes par le numérique. Il a également fourni un soutien aux entrepreneurs numériques, en leur offrant un espace de travail, un mentorat et un accès à un réseau de partenaires. De ce fait, CTIC Dakar a contribué selon M. Diagne à la création d’un écosystème numérique au Sénégal et a aidé à la mise en place de partenariats entre les acteurs du secteur notamment les entreprises, les universités et les gouvernements.

Outre la création d’emplois, les services financiers numériques sont également en plein essor. En 2022, le nombre d’utilisateurs de services de mobile money a atteint 12 millions, soit environ 60 % de la population sénégalaise.

L’administrateur général de Gaïnde 2000 avance que les TIC contribuent à l’amélioration de la productivité des entreprises et des administrations en facilitant la communication, la collaboration et le partage des informations. Elles permettent également d’optimiser les procédures et de réduire les coûts. Cela explique que l’administration sénégalaise se soit mise au numérique en se digitalisant à un rythme soutenu. Un tel mouvement est aujourd’hui encouragé par le gouvernement, qui a mis en place un plan d’actions pour la transformation numérique de l’administration, dont l’objectif est d’une part, de dématérialiser les procédures administratives, et d’autre part, à améliorer l’efficacité des administrations et à rendre les services publics plus accessibles aux citoyens.

Les résultats sont déjà visibles. Aujourd’hui, les contribuables peuvent effectuer leurs déclarations et payer leurs impôts en ligne, en quelques clics, à tout moment et de n’importe quel endroit. Ce qui représente un gain de temps et d’argent. Pour Ibrahima Nour Eddine Diagne et Papa Diallo les TIC continueront sûrement à jouer un rôle important dans la transformation de l’économie sénégalaise.

(Source : Le Journal de l’économie sénégalaise, 12 février 2024)

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