Les Sénégalais viennent d’élire leur cinquième président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Le programme qu’il a proposé aux citoyens couvrent différents secteurs tels que l’économie et la finance, l’éducation, le capital humain et le numérique, etc. Alors, quel est le contenu de ce programme destiné à l’écosystème numérique sénégalais, à quoi peuvent s’attendre les acteurs des technologies, du numérique et de l’innovation ?
Dans le document, nous avons étudié l’utilisation de cinq mots que sont : numérique, technologies, innovation, intelligence artificielle et entrepreneuriat. Par conséquent, nous retrouvons 17 fois « numérique », 16 fois « technologie », 20 fois « innovation », 4 fois « entrepreneuriat ».
Bassirou Diomaye Diakhar Faye propose un programme étalé dans un document de plus de 80 pages. Il est ainsi décliné sous 5 grands axes dont un qui est intitulé « Science, technologie, innovation et infrastructures durables ».
Le président élu utilise le mot « numérique », dès son texte introductif destiné aux Sénégalais. C’est précisément, dans le dernier paragraphe où il indique un tournant vers la réalisation d’une souveraineté numérique…
Convaincus qu’une indépendance intégrale ne peut se faire sans une maîtrise de l’économie, de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture, nous sommes pleinement tournés vers la réalisation de la souveraineté alimentaire, numérique, fiscale, énergétique et scientifique.
Diomaye Faye mise avant tout sur le numérique pour le développement de l’enseignement supérieur sénégalais avec un renforcement en appuyant le développement de l’Université Numérique Cheikh Amidou Kane « et le renforcement des plateformes de cours en ligne dans les autres universités publiques du Sénégal. »
La coalition « Diomaye Président » est consciente que le secteur numérique se nourrit d’innovations en permanence. Et surtout, il représente « un des principaux moteurs de développement du Sénégal par sa contribution à la croissance du PIB supérieure à 10% environ. » De ce fait, elle accorde « une importance primordiale à ce secteur qui doit accélérer le développement socio-économique ».
Un cadre normatif de l’économie numérique
Pour une recherche scientifique et une innovation technologique levier du développement socio-économique, « Diomaye Président » caractérise un « cadre normatif de l’économie numérique ». C’est dans ce cadre qu’elle ( la coalition) souhaite œuvrer à une mise à jour et à une harmonisation des cadres normatifs relatifs à « l’économie numérique (UEMOA, CEDEAO) et à la confection d’un projet commun de protection des usagers africains du numérique, à l’image de ce que certains pays européens ont fait pour le Règlement général sur la protection des données (RGPD) relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel. »
Datacenter, cloud…
– Nous favoriserons la mise en place de Datacenter souverains, publics et privés, connectés à très hauts débits sur internet avec des tarifs d’hébergement compétitifs par rapport à l’offre internationale ;
– Nous pérenniserons l’interopérabilité des réseaux, services et applications numériques au sein de l’Administration ;
– Nous recenserons le patrimoine numérique de l’État et renégocierons les contrats de concession y afférents dans l’intérêt du peuple sénégalais ;
– Nous mettrons en place un cadre de mutualisation des infrastructures publiques numériques ;
– Nous renforcerons les textes de loi pour apporter les garanties de sécurité et de protection des données des patients dans le cadre du programme de digitalisation de la santé ;
– Nous adopterons une loi incitative d’utilisation des solutions cloud locales et d’hébergement des données sensibles des entités dites d’importance vitale au sein du territoire ;
Digitalisation de l’administration, cybersécurité, cyberdéfense, entrepreneuriat numérique
Le président Diomaye Faye compte doter du Sénégal :
– D’une administration publique digitalisée et performante capable de relever les défis de la nouvelle économie et ses conséquences sur la société. Il s’agira de capitaliser sur les acquis pour consolider la confiance du citoyen sénégalais, la sécurité (juridique, économique et sociale) et la pérennité du système économique ;
– D’un système de cybersécurité et cyberdéfense aux standards mondiaux capable de faire face à toute menace « cyber » qu’elle soit locale ou globale ;
– D’un cadre incitatif et sécurisé pour l’entreprenariat numérique afin de permettre l’éclosion d’un écosystème national performant, prioritaire sur la commande nationale et capable de prendre en charge la demande en produits et services numériques des autres secteurs de l’économie nationale.
Accès à internet sur tout le territoire sénégalais, un défi
Dans ce qu’ils appellent « la valorisation du patrimoine national, de la création artistique et littéraire », Diomaye et ses alliés comptent lancer « un grand programme en faveur de la création de contenus culturels numériques en mettant l’accent, par exemple, d’une part sur les arts graphiques, photographiques et cinématographiques, et d’autre part sur les musiques traditionnelles et modernes. »
Du numérique dans le sport
Il est prévu une réforme et une meilleure gouvernance du sport. Ainsi, il sera question de « l’abrogation, la modification et la création de textes règlementant les aspects liés à la formation, aux infrastructures sportives, au sport de haut niveau ; au sport pour tous, à la prise en charge du dopage, du numérique et du financement du secteur. »
Dans ses « leviers de financement de l’action publique », en onzième point, nous retrouvons, l’économie numérique. En conséquence, ils vont encourager « le développement de l’économie numérique pour stimuler l’innovation et la croissance en taxant de manière appropriée les transactions en ligne et les entreprises du secteur numérique. »
Utilisation des technologies dès l’école primaire
L’amélioration de la gouvernance, de la qualité et du financement du système d’éducation et de formation, le président Diomaye va promouvoir « le bilinguisme par la généralisation de l’enseignement de l’anglais à l’élémentaire couplé à l’utilisation progressive des nouvelles technologies dans les enseignements depuis l’école primaire ».
En outre, afin d’avoir des universités tournées vers un enseignement de qualité et plus professionnalisant, il compte sur des enseignements portant sur le secteur tertiaire repensés « en mettant l’accent sur le digital, les nouvelles technologies, l’entreprenariat, le leadership ».
En ce qui concerne l’autonomisation et la promotion des femmes pour une société inclusive et prospère, il compte prendre des mesures « pour d’une part diminuer de manière significative la déperdition scolaire des filles, et d’autre part augmenter le nombre de filles qui excellent dans les sciences, la technologie, l’ingéniorat et les mathématiques. »
Investissement dans des technologies pour des services énergétiques à un coût abordable…
Pour un accès de tous les Sénégalais à l’eau, l’assainissement et des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable, il est prévu d’investir dans « d’autres technologies telles que le « Gas to Power » dans le court terme et le nucléaire civil à travers les SMR (Small Modular Reactor) dans le moyen terme afin de réduire la dépendance de sous-secteur électricité aux combustibles fossiles très onéreux et régler le problème lié à la vétusté du parc de production. »
Un Centre des Technologies et de l’Innovation du Bâtiment et des Travaux Publics
Pour un secteur primaire qui garantit une sécurité alimentaire et une génération conséquente de devises pour l’économie nationale, la solution serait la création d’un « Centre des Technologies et de l’Innovation du Bâtiment et des Travaux Publics (CTI – BTP). Ce sera une structure publique affiliée à la primature, décentralisée au niveau régional et dédiée aux intervenants de la construction et dont l’objectif sera d’améliorer la productivité et la compétitivité des différents acteurs du BTP. »
Une loi d’orientation de la Recherche Scientifique et de l’Innovation
La réorganisation du système national de recherche est une priorité absolue. Par conséquent, il s’agira de mettre en place « une politique nationale de science, technologie et innovation, adossée à une loi d’orientation de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (LORSI) pour sa mise en œuvre. »
Utilisation de drones, de satellites et d’autres technologies avancées dans la sécurité
Dans le cadre de la défense et de la sécurité, il prévoit d’améliorer « les capacités de collecte du renseignement des forces de défense et de sécurité, y compris l’utilisation de drones, de satellites et d’autres technologies avancées pour surveiller les frontières du pays et recueillir des informations sur les menaces potentielles à la sécurité ».
Nous pouvons retenir que le programme de l’actuel président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a mis l’accent sur la souveraineté numérique, l’administration numérique, l’accès à internet, les contenus numériques, l’éducation et la formation, l’autonomisation des femmes, l’eau, l’assainissement et l’énergie, le secteur primaire, la recherche et l’innovation, et la défense et la sécurité. Installé officiellement, chef d’Etat du Sénégal, ce mardi, 2 avril, les acteurs de l’écosystème numérique, de l’enseignement, de la recherche… attendent avec impatience la réalisation de ces différentes promesses.
(Source : Social Net Link, 3 avril 2024)