Au Burkina Faso, les terroristes s’attaquent de plus en plus aux infrastructures des opérateurs télécoms, dans une stratégie d’isolement. Selon le régulateur télécoms, le nombre de sites détruits dans ce cadre est passé de 11 en 2019 à 106 en 2022.
Le gouvernement burkinabè a mobilisé 3 milliards de francs CFA (5,07 millions $) pour rétablir les services télécoms dans les zones où les infrastructures ont été détruites par les terroristes. L’initiative a été révélée le mardi 27 août par Aminata Zerbo/Sabane, ministre de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques, lors de l’émission « Tribune de redevabilité » sur la chaîne publique Radiodiffusion-Télévision du Burkina (RTB).
Selon la ministre, près d’un quart des antennes ont été vandalisés par les terroristes. Cela a entraîné une baisse de 10 à 20 % des taux de couverture des services de téléphonie mobile et Internet dans le pays, ainsi qu’une dégradation de la qualité de services globale. Mme Zerbo/Sabane a ajouté que la couverture de la téléphonie mobile est à 85 %, contre 64 % pour l’Internet 3G et 46 % pour l’Internet 4G.
L’annonce intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des atteintes portées par les terroristes sur les infrastructures télécoms physiques, dans une stratégie d’isolement des zones où ils opèrent. Selon une étude de cas réalisée par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) en 2022, le nombre de tours des opérateurs télécoms détruits par les terroristes par an est passé de 11 en 2019 à 106 en 2022. Le nombre de sites hors services ou inaccessibles est passé de 632 en 2022 à 681 en août 2023.
Le rétablissement des services télécoms dans les zones touchées permettra aux populations de renouer avec des communications vitales. Cela facilitera également les interventions humanitaires et sécuritaires, l’accès à l’information, l’accès aux services publics dématérialisés, ainsi que la reprise des activités économiques locales.
Le rétablissement des services devrait également bénéficier aux opérateurs télécoms qui accusent des pertes en raison de l’impossibilité de vendre leurs services et de la nécessité d’investir pour réparer ou remplacer les infrastructures touchées. Moov Africa Burkina a cité le terrorisme parmi les facteurs qui ont causé une baisse de 4 % de son chiffre d’affaires en 2023. Le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA) de la société a également baissé de 6 %.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 29 aout 2024)