Mettre l’humain au cœur de l’Intelligence artificielle (Ia), notamment dans la prise de décision, s’avère décisif. Ce qui rendrait mieux service à l’homme et aux technologies. Telle est la quintessence du débat sur le thème : « Opportunités du numérique » dans les politiques publiques.
L’Intelligence artificielle (Ia), un processus décisionnel irréversible qui va transformer significativement nos modes de travail. Et ce, en introduisant l’automatisation, l’analyse avancée, l’optimisation des processus, et surtout la performance des administrations publiques que privées. L’Afrique, un continent qui fait face à d’importants défis de développement durable, gagnerait à prendre le train en marche en tirant le meilleur profit de ce potentiel. Toutefois, les Etats africains doivent, en amont, avoir bâti un cadre réglementaire, construit des infrastructures adaptées, et formé des ressources humaines de qualité, le tout reposant sur une bonne gouvernance des données.
Offrant de nouvelles opportunités aux politiques publiques dans l’amélioration de la prise de décision, dans l’efficacité de la décision ainsi que dans le suivi de ces politiques publiques, l’Ia draine aussi des risques auxquels, il importe d’y réfléchir.. Et c’est dans ce sens que des experts se sont penchés hier, vendredi 10 novembre, à Dakar autour du thème « Opportunités du numérique » dans le cadre du Forum du réseau africain des Delevery Units. Un réseau mis en place depuis 2019, regroupant une quinzaine de pays africains et qui se veut une plateforme d’interactions sur les différents mécanismes de gouvernance des politiques publiques dans les pays respectifs comme le nôtre sous l’appellation Bureau opérationnel de suivi du Plan Sénégal Emergent (Bos/Pse). Ceci, en vue de capitaliser les meilleures expériences en matière de politiques publiques.
Amal El Fallah Seghrouchni, experte internationale spécialisée en Ia et Systèmes multi-agents, par ailleurs directrice de l’institut Al mouvement de l’université polytechnique Mohamed VI de soutenir qu’avec l’Ia, les politiques publiques vont devoir répondre aux problèmes multi acteurs. A ce propos, dira-t-elle, « l’Ia a un pouvoir transformationnel notamment dans les secteurs tels que la santé, l’industrie, le marketing, l’assurance, la défense et l’aéronautique, le tourisme, la banque, le commerce en détail et les médias, entre autres ». Bref, l’Ia va apporter des transformations dans tous les « cycles de vie (l’efficacité et la transparence) qui, de plus en plus est exigée par les citoyens destinataires de l’action publique », a-t-elle dit. Donc, l’Ia va aider les organisations à changer de paradigme notamment la « connectivité, l’utilisation des techniques, des solutions d’assistance… », a-t-elle soutenu. Elle a fait savoir que l’Ia va permettre un mode de gestion plus élargi. Aujourd’hui, a-t-elle indiqué : « On n’est plus simplement dans la gestion des ressources financières et optimisation. Mais, plutôt dans l’inter action avec le public, exigeant dans la transparence et la sécurisation des données personnelles ». Sur le pilotage des politiques publiques, elle pense qu’on va de plus en plus vers l’ouverture des données et en particulier dans l’utilisation de ces données auprès des organisations et plus largement auprès des citoyens ». Mais, à ce niveau, la question à se poser, c’est celle de la « sécurisation des systèmes numériques », a-t-elle souligné.
Fossar Mohamed Diop, coordonnateur du pôle Stratégie performance et qualité à Sénégal numérique (Senum.Sa) d’affirmer que l’Etat du Sénégal est dans le plein de la transformation digitale. Dans le cadre de la mise en œuvre du Pse, il cite, entres autres, la stratégie appelée « Sénégal numérique 2025 (SN2025) », le programme Smart Sénégal arrimé sur le projet SMART Africa qui a permis de mettre en place des infrastructures et dispositifs numériques structurants.
Dans le même sillage, Adjaratou Diop, senior digital transformation advisor TBI dira que l’Afrique ne peut pas développer des solutions qui vont inter agir avec d’autres modèles sans comprendre ce qui se passe de l’autre côté. Donc, pour mettre en place l’interopérabilité entre administrations, il faudra impérativement au préalable « s’accorder sur le langage, le vocabulaire ». Et ceci est un véritable chantier. Parlant de l’éthique pour les africains, elle dira que celle-ci (l’éthique) ne suffit pas. Certes, elle est essentielle mais, « il faut la traduire en réglementation et ce qui va permettre de bien gouverner l’Ia.
Jean-Pierre Malou
(Source : Sud Quotidien, 11 novembre 2023)