Le rapport souligne que l’opérateur entame un processus d’expansion en dehors des frontières kényanes et élargit ses horizons à la fabrication des smartphones pour compenser le ralentissement de la croissance, constaté dans le segment des services financiers.

Fort de son succès retentissant au Kenya et de la renommée internationale acquise par sa plateforme de services financiers M-Pesa, l’opérateur télécoms kenyan Safaricom a confirmé ses ambitions africaines avec une implantation en Ethiopie et le lancement prochain d’une usine de fabrication de smartphones abordables destinée à renforcer l’accès à Internet sur le continent, selon un rapport publié en juillet dernier par Ecofin Pro, la plateforme de l’agence Ecofin dédiée aux professionnels.

Intitulé « Après 20 années de succès au Kenya, Safaricom prépare son déploiement africain », le rapport précise que Safaricom est déjà un champion en Afrique de l’Est. Durant l’exercice financier 2022/2023 (1er avril-31mars), le numéro un des télécommunications au Kenya a réalisé un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars pour plus de 1 milliard de dollars de bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA). Des performances qui font pâlir d’envie les leaders des grands marchés télécoms de la sous-région (1,1 milliard $ de chiffre d’affaires en 2022 pour Ethio Telecom, 275,6 millions $ pour Vodacom Tanzanie et 540 millions $ pour MTN Uganda).

Ce rang de leader est-africain est le fruit d’une stratégie opérationnelle éprouvée et d’un investissement agressif visant à asseoir la présence sur l’ensemble du territoire kényan et dans les différents segments de services. Et le groupe ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

En mai 2023, il a annoncé la construction d’une usine d’assemblage de smartphones 4G au Kenya. A travers ce projet, Safaricom envisage de mettre sur le marché des smartphones abordables qui lui permettront tout d’abord d’augmenter la consommation de ses services Internet et ses offres numériques au Kenya, et d’exporter ces appareils vers d’autres pays du continent pour en tirer des revenus supplémentaires. En Afrique subsaharienne, 60% de la population ne se connecte pas à l’Internet mobile bien qu’elle soit couverte par les réseaux mobiles. C’est près de 700 millions de personnes qui passent à côté des nombreuses opportunités qu’offre le service. L’une des raisons qui expliquent cette situation est la cherté des appareils mobiles adaptés au haut débit. Mais Safaricom compte s’attaquer à ce problème d’abordabilité. Son usine devrait assembler entre 1,2 million et 1,4 million de smartphones par an, qui seront vendus à un prix unitaire de 6500 à 7000 shillings kényans (environ 50 $).

Reproduire les succès en Ethiopie

Le rapport indique dans ce cadre que l’intérêt pour l’accélération du déploiement du haut débit mobile et l’élargissement du champ d’activité du groupe à la fabrication des smartphones s’explique également par la perte de vitesse constatée sur la plateforme de services financiers M-Pesa, qui comprend une vingtaine de produits allant du dépôt-retrait à l’épargne, en passant par les microcrédits, les solutions de paiement et les transferts de fonds locaux et internationaux. Le segment des services financiers a contribué à hauteur de 856 millions $ au chiffre d’affaires de l’opérateur durant l’exercice 2022/2023, ce qui représente une augmentation de 8,8% par rapport à l’exercice précédent. Cette augmentation est cependant plus modeste que les 30,3% enregistrés au cours de l’exercice 2021/2022.

Mais par chance, un nouveau marché s’ouvre à Safaricom : l’Ethiopie. Sur ce nouveau marché où il a obtenu une licence télécoms le 22 mai 2021, le groupe kenyan entend bien reproduire le succès enregistré au Kenya et appliquer les leçons apprises au cours des quinze dernières années de maturation du service de mobile money M-Pesa au Kenya.

En ex-Abyssinie, Safaricom pourrait même enregistrer des revenus encore plus conséquents que ceux qu’il réalise sur son marché domestique au regard de la taille du marché éthiopien, fort de 66,80 millions d’abonnés mobiles en janvier 2023 contre 65,74 millions d’abonnés mobiles au Kenya au 31 décembre 2022. A ce titre, l’Ethiopie pourrait même représenter une belle page vierge sur laquelle l’opérateur pourrait écrire une nouvelle success-story encore plus belle que celle démarrée en 2000 au Kenya.

Le PDG de la compagnie, Peter Ndegwa, a d’ailleurs précisé que l’année 2024 devrait être non seulement celle de la consolidation des solutions technologiques comme l’Internet des objets, le cloud, les contenus et les services financiers, mais aussi celle de la mise à l’échelle des opérations de l’Ethiopie, un pays qui pourrait n’être que le premier pas d’un déploiement africain plus agressif.

(Source : Agence Ecofin, 19 septembre 2023)

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