Une dizaine de sites dont celui du gouvernement, ont fait l’objet de piratage en mai dernier par des hackers. La cybercriminalité est au cœur des préoccupations et un panel sur la cybersécurité a été organisé avant-hier par le Réseau des gens d’affaires du Sénégal, du Québec et du Canada en Afrique (Se-Bec-Can), en collaboration avec la Délégation générale du Québec à Dakar.

Une récente étude fait ressortir qu’une centaine d’entreprises dans huit pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ne présentent pas une posture idéale en matière de cybersécurité pour faire face aux cyberattaques. C’est Mme Fama Diop Ndiaye, Directrice générale Afrique du cabinet Price Waterhouse Coopers (Pwc), qui donne l’information. Cette dernière intervenait lors d’un panel sur les enjeux et défis de la cybersécurité en Afrique francophone, organisé avant-hier jeudi par le Réseau des gens d’affaires du Sénégal, du Québec et du Canada en Afrique (Se-Bec-Can), en collaboration avec la Délégation générale du Québec à Dakar. « Plus de neuf sur dix des entreprises examinées ont une mauvaise hygiène réseau, et quel que soit leur niveau de maturité. Un cyber indexe en deçà de la moyenne qui fait du réseau une cible permanente », renseigne-t-elle. Face à cette situation de vulnérabilité des entreprises à ce phénomène des temps modernes, le directeur du Centre de recherche sur la cybersécurité de l’Université de Concordia au Québec, Dr Mourad Debbabi, propose une solution basée sur une collaboration. Celle-ci sera axée sur le fait que le Sénégal se positionne dans les années à venir comme un hub dans la lutte contre la cybercriminalité. « Il nous faut mettre en place une collaboration, avec une orientation stratégique basée sur la surveillance des infrastructures nouvelles, la recherche sur les nouvelles formes de menaces, la recherche permanente de solutions et la formation continue de personnel qualifié », prône-t-il. Dans la foulée, le Délégué général du Québec à Dakar, Iya Touré, s’est dit prêt à « définir, de concert avec les autorités sénégalaises compétentes, les bases de cette nouvelle coopération ». Mouhamed Lamine Sarr, Secrétaire général du Cercle des affaires Sénégal-Québec-Canada, situe les enjeux au niveau du Sénégal. « Concernant les enjeux au niveau du Sénégal, aujourd’hui la problématique est réelle. Les entreprises sénégalaises ont toutes senti la nécessité de recourir à des spécialistes pour trouver les solutions pour la prise en charge de cette problématique. Vous n’êtes pas sans savoir que dans le monde des affaires aujourd’hui, on est tout le temps confrontés au système des hackers, qui viennent perturber la sécurité des données, la sécurité des flux, des échanges d’informations. Pour cette raison-là, les acteurs sénégalais sont très friands, en tout cas sont très intéressés à pouvoir sécuriser leurs données et leurs cadres d’intervention », mentionne-t-il. La prise en charge de ce phénomène constitue un défi pour les entreprises sénégalaises. « Je pense aujourd’hui que c’est le nœud du problème. Vous l’avez bien entendu avec Dr Mourad de l’Université Concordia, aujourd’hui c’est cette asymétrie entre l’importance de l’attaque par rapport à la défense qui est extrêmement difficile. Parce que les coûts ne sont pas proportionnels. Il est plus facile d’attaquer que de se défendre.

Naturellement, dans les pays développés, cette problématique se pose avec plus d’acuité. D’où justement l’intérêt que le l’Etat du Sénégal a perçu en mettant en place ce cadre de Stratégie nationale de lutte contre la cybercriminalité », avance M. Sarr. « Certainement, au terme des réflexions qui seront faites au niveau de cette instance, des solutions vont être trouvées pour équilibrer justement le niveau de réponse à ces attaques-là, notamment au niveau des moyens financiers qu’il faut mobiliser pour pouvoir y faire face », espère-t-il. Que faire ? « L’Intelligence artificielle (Ia) peut être une solution efficace pour lutter contre les cyberattaques subies au quotidien par les entreprises et organisations », avance le Directeur général adjoint de l’entreprise Airudi, Mahécor Dieng. Il pense que « l’utilisation de l’Intelligence artificielle peut être pour nos Etats et entreprises, un moyen de défense efficace pour faire face à la sophistication croissante des cyberattaques objectives ». M. Dieng, expert en Intelligence artificielle, souligne que l’Ia, de par sa spécificité, peut pallier les nombreux manquements notés chez les développeurs en anticipant « les attaques, tout en préservant l’accès, la disponibilité et l’intégrité des données ».
« L’Ia permet une détection précoce des menaces en temps réel. Elle identifie rapidement les comportements suspects dans le réseau, repère les activités anormales, améliorant ainsi considérablement la précision de la détection, à travers une intervention proactive avant l’escalade des attaques, pour le renforcement de l’environnement de sécurité », a-t-il expliqué.

Amadou Mbodji

(Source : Le Quotidien, 17 février 2024)

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